5 févr. 2022

« Fernand Daoust » de André Leclerc

 Fernand Daoust a été un personnage important de l’histoire du syndicalisme au Québec au vingtième siècle. André Leclerc nous en offre une biographie en deux tomes. Les multiples combats de cet ancien Secrétaire général (1969-1991) et Président (1991-1993) de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) y sont relatés. Sa contribution à l’amélioration des conditions de travail et des relations industrielles ainsi que sa vision de l’avenir politique du Québec  y sont bien mis en évidence. Le courage, la détermination, l’ardeur, le jugement, l’engagement et les accomplissements de ce leader peuvent servir d’inspiration à la jeunesse québécoise à la recherche parfois de modèles.

Des moments importants de l’histoire du mouvement syndical et de la politique québécoise sont présentés dans ce livre. Il y est question aussi de bien des personnes qui ont œuvré dans le monde syndical québécois, en particulier celles qui ont contribué à l’édification de la FTQ. Leurs portraits sommaires abondent au fur et à mesure qu’elles en viennent à côtoyer ou à collaborer avec monsieur Daoust.

André Leclerc termine ainsi sa biographie : « Toute sa vie a été consacrée à instaurer plus de justice et de dignité dans la société qui l’a vu naître. » (page 372)

Mentionnons enfin que des distinctions importantes ont été attribuées à Fernand Daoust, dont Patriote de l’année, en 1998, et Chevalier de l’Ordre national du Québec, en 2001. (p. 379)

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Cette biographie nous offre un bel exemple de la possibilité d’errer lorsqu’un auteur s’éloigne de son sujet, sans valider ce qu’il avance. À la page 300 du tome 2, il affirme que l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (ALÉ), entré en vigueur en 1989, «…contient une disposition (article 11) qui consacre la prépondérance des droits du commerce sur les législations nationales. » Cela ne tient pas la route. Il fait probablement allusion au chapitre 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), entré en vigueur en 1994; cet accord permettait d’élargir au Mexique la zone de libre-échange canado-américaine. La section B de ce chapitre intitulée « Règlement des différends entre une Partie et un investisseur d’une autre Partie » vise à donner à un investisseur la possibilité d’obtenir une compensation monétaire ou la restitution de biens, dans des cas d’expropriation à titre d’exemple. La marge de manœuvre des États pour adopter des législations n’était aucunement affectée. Il faut savoir que les accords commerciaux,  comme l’ALÉ et l’ALÉNA, n’affectent en rien la souveraineté des États. Ils prévoient toutefois qu’en cas de non respect des engagements d’un pays, celui-ci doit offrir une compensation à ses partenaires, à défaut de quoi ceux-ci peuvent lui imposer des mesures de rétorsion.

En outre, une lecture plus attentive du manuscrit aurait révélé des coquilles, comme la défaite des libéraux en 1937 (page 41, tome 1) plutôt qu’en 1936 ou le décès du premier ministre Paul Sauvé en janvier 1958 (page 221, tome 1) plutôt qu’en 1960.

Ces exemples sèment, malheureusement, un doute quant à la possibilité que d’autres renseignements contenus dans cette biographie soient inexacts.

 

 Leclerc, André. « Fernand Daoust ». Tome 1 « Le jeune militant syndical, nationaliste et socialiste, 1926-1964» Tome 2 « Bâtisseur de la FTQ, 1964-1993 ». Éditeur.