29 janv. 2020

«Morales espiègles» de Michel Serres



Dans ce livre, Michel Serres se remémore des moments de sa vie, et il nous propose d’en tirer des valeurs morales. L’humilité, la modestie, le don, le pardon, voilà des vertus qu’il y met en évidence.

J’ai bien aimé le début de sa réponse à «Qu’est-ce que la littérature? Le récit indéfini des possibles humains.» ( page 81). 

Il termine son bouquin par un paragraphe plaisant sur le rôle de la pomme dans nos civilisations.

Outre leur originalité, pour le lecteur, ses espiègleries sont un exercice de vocabulaire, de ponctuation, de style, etc.; en fait, un exemple de qualité exceptionnelle de rédaction digne du membre de l’Académie française qu’il est devenu.

P.S. : Michel Serres est décédé le premier juin 2019.






21 janv. 2020

«Vertige du cosmos» de Trinh Xuan Thuan



Ce livre est un ouvrage de vulgarisation sur l’évolution de la connaissance de l’univers, bien que certains passages demeurent difficiles à saisir, du moins pour moi, en particulier ceux sur la contribution d’Einstein. Son auteur nous y signale les limites actuelles des connaissances ou les méconnaissances qui subsistent, laissant ainsi grande ouverte la porte aux recherches des astrophysiciens passionnés de découvrir les secrets encore bien gardés du firmament. D’ailleurs, ces scientifiques affirment ne pas connaître «…la nature de 95 % du contenu du cosmos.» (page 343).

Le professeur Thuan* nous y  décrit les débuts de l’univers, son expansion, la mesure de son âge, sa composition et bien d’autres de ses caractéristiques connues, bien que son commencement en soi, le temps zéro, demeure une énigme. Il y est question de lumière, d’espace, de temps, de masse, d’énergie, de matière, de mouvement, de gravité, de trous noirs, etc. Les avancées technologiques qui nous permettent de mieux connaître le cosmos sont également mentionnées.

La contribution de plusieurs personnes à la compréhension du ciel y est présentée, dont celle des Pythagore, Platon, Aristote, Ptolémée, Thomas d’Aquin, Copernic, Brahe, Galilée, Kepler, Newton et Hubble. Einstein est immanquablement celui à qui l’auteur consacre le plus de pages.

Thuan y fait aussi un examen des sites antiques à divers endroits de la terre; ceux-ci nous révèlent les connaissances en astronomie de nos lointains ancêtres. Certains cherchaient à interpréter dans le ciel le «destin des hommes» (p. 130), jouant déjà alors le rôle d’astrologues. D’autres, plus pragmatiques, cherchaient à y comprendre l’évolution des saisons et du climat en vue d’organiser la vie de leur communauté, en particulier les activités agricoles. Les voyageurs y voyaient un bon moyen de s’orienter sur terre ou en mer et ce, jusqu’à relativement récemment.
L’évolution de la perception de la terre dans l’univers y est présentée. Sa position au centre de l’univers a constitué un acte de foi pendant au moins deux millénaires. Aujourd’hui, même notre soleil ne l’est plus : il n’est qu’une étoile parmi d’autres. Quant à la Voie lactée, elle ne serait qu’une parmi les «… quelque 400 milliards de galaxies, chacune contenant des milliards de soleils.» (p. 332).

Étant donné les origines communes des diverses composantes de l’univers, il est facile d’imaginer que la vie et la conscience puissent exister ailleurs que sur la terre. Toutefois, l’auteur offre une toute autre perspective : «L’existence de la vie est extrêmement improbable et dépend d’un équilibre très  précaire et d’un concours de circonstances extraordinaires. Modifiez un tant soit peu certaines constantes fondamentales et quelques conditions initiales, et nous n’existerons plus.» (p. 413)

Des réponses sont données à de multiples interrogations dans ce livre. Elles sont assez souvent complètes; parfois, elles ne sont que partielles et, quelques fois, elles demeurent des hypothèses en attendant le développement des connaissances. En voici des exemples :

L’univers est-il fini ou infini?
Y a-t-il un seul univers ou de multiples univers (les multivers)?
Pourquoi la nuit est-elle noire?
L’univers mourra-t-il dans le feu ou dans la glace?

À la fin de son ouvrage, l’auteur explore le lien entre la science et la spiritualité. Il nous suggère, entre autres, que «Les champs d’action de la science et de la spiritualité sont complémentaires.» (p. 428), et que «… l’homme, pour ne pas perdre son humanité, a besoin des deux…» (p. 429).

Une fois ma lecture complétée, j’ai eu envie de recommencer pour continuer d’apprendre, car elle m’a révélé, encore une fois, l’immensité de mon ignorance.


*Trinh Xuan Thuan est né au Vietnam. Il a été élevé dans les traditions bouddhiste et confucéenne. Il a fréquenté le lycée français de Saigon. Il a fait des études d’astrophysique aux États-Unis, et il est professeur d’astrophysique à l’Université de Virginie.