7 déc. 2016

«Nouveau bilan du nationalisme au Québec» de Louis Balthazar


L’évolution du nationalisme au Québec aux dix-neuvième et vingtième siècles, voilà ce que nous propose le professeur Balthazar dans son analyse nuancée et critique de ce sujet. C’est, en quelque sorte, l’histoire du Québec des deux cents dernières années vue de l’angle du nationalisme.

Balthazar «découpe» en trois périodes l’évolution du nationalisme au Québec :

- le nationalisme canadien de l’époque de la province du Bas-Canada (1791-1838) et du mouvement patriote;

- le nationalisme canadien-français du repliement sur soi et sur ses traditions d’un peuple devenu minoritaire (1840-1960);

- le nationalisme québécois,  à compter de 1960, avec la Révolution tranquille et une nouvelle tentative d’affirmation politique de la nation. (page 39)

Il nous présente les caractéristiques du nationalisme au cours de ces trois périodes, en mettant l’accent sur ce qui les distingue à divers égards.

L’auteur y examine aussi les enjeux et la dynamique des référendums, de 1980 et de 1995, sur l’avenir politique du Québec. Les deux fois, les chantres de l’indépendance doivent y  assortir une proposition de projet d’association ou de partenariat afin de tenter d’obtenir l’adhésion du plus grand nombre possible de Québécois. La majorité est toutefois loin d’être acquise à quelques semaines du vote en 1995. Entre alors en jeu Lucien Bouchard dont les arguments privilégiés mettent l’accent sur «… deux constats qu’il reprend dans tous ses discours. Le Québec a été ignoré en 1981 et 1982, lors du rapatriement de la Constitution, et le Québec a été rejeté en 1990, lors de l’échec de l’accord du lac Meech. » (page 255).

En outre,  « Le futur négociateur en chef [L. Bouchard] insiste beaucoup sur le second volet de la question : le partenariat. Il s’agit essentiellement de maintenir cette union canadienne que les Québécois n’arrivent pas à répudier. » (page 255). Balthazar ajoute «… le nationalisme porté par Bouchard et qui vaut des dizaines de milliers de votes à la cause du OUI est encore fondamentalement un nationalisme autonomiste qui n’a recours à la souveraineté que dans la mesure où les aspirations autonomistes du Québec n’ont pu être réalisées. » (page 256). Même à cela, la majorité échappera, bien que de peu, aux tenants du OUI. Balthazar va jusqu’à affirmer que : «Pour avoir voulu aller trop loin, trop vite, on doit rebrousser chemin et se retrouver en fort mauvaise posture.» (page 70), tant en 1980 qu’en 1995, tout comme à l’époque de l’échec de l’insurrection des Patriotes.

En vertu de l’accord du lac Meech, le Québec devait être reconnu comme «société distincte» dans le préambule de la Constitution canadienne. Cet accord n’ayant pas été ratifié, il s’ensuivra une «effervescence» nationaliste de grande ampleur. Balthazar avance que : «Les cinq ans qui suivent l’échec de l’accord du lac Meech sont probablement les plus intenses de l’histoire du Québec moderne, à tout le moins sous l’angle du nationalisme.» (page 235). Le référendum de 1995 sera le point culminant de cet épisode de remise en question du lien fédéral.

L’échec de Meech et la défaite du OUI ne sonnent pas pour autant le glas de la reconnaissance du caractère distinct du Québec. Les alliés de l’affirmation nationale peuvent parfois provenir de milieux inattendus. Un avis juridique de la Cour suprême, en août 1998, «… reconnaît … que le Québec possède une culture distincte, et que sa «« réalité sociale et démographique »» explique son existence comme entité politique. La Cour va jusqu’à affirmer que ce caractère distinct du Québec est «« une des raisons essentielles de la création d’une structure fédérale»» pour le Canada. » (page269). Bien que de portée nettement moindre, s’ajoutera, à l’automne 2006, une motion adoptée par la Chambre des Communes où il est proclamé que « les Québécoises et Québécois forment une nation… » (page 284).

Ce livre est particulièrement intéressant dans un contexte où nationalisme et populisme connaissent une résurgence et vont même de pair ces années-ci, notamment en Occident. Ce natio-populisme se drape bien souvent dans un nationalisme ethnique marqué par la méfiance envers ou le rejet de ceux qui sont différents que ce soit sur le plan ethnique ou autrement (religion, couleur de la peau, etc.). Par extension, cet essai nous permet d’examiner comment le Québec peut être perméable ou vulnérable à ce nationalisme populiste du début du vingt et unième siècle. Balthazar nous rappelle d’ailleurs qu’ « Aux élections … de 2007, il [Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratique du Québec] adopte une posture qui frôle le chauvinisme… Il verse facilement dans le populisme…  Il rafle 31 % des votes et 41 sièges… et devient leader de l’Opposition officielle… » (page 282).

Comment prévenir que le nationalisme québécois succombe à la tendance actuelle au nationalisme populiste? Sans que ce soit écrit dans ce but, Balthazar nous offre des pistes de réflexion :

-       Éviter le nationalisme ethnique ou le «nous» de Jacques Parizeau (pages 258 et 259) au soir du 30 octobre 1995. Il affirme plutôt que : «Notre ««nous»» ne peut être que québécois et désigner toutes les personnes qui ont choisi de vivre sur le territoire du Québec.» (page 315).

-       Privilégier un nationalisme moderne et inclusif où des gens acceptent de «vivre ensemble» sur un « territoire», partagent des «valeurs», font bon usage de leur «organisation politique» et, j’ajouterais, vivent en s’inspirant du contenu de la Charte québécoise des droits et libertés.

Balthazar déplore toutefois ceci : «Encore trop peu d’organismes au Québec s’intéressent activement au processus de l’intégration des immigrants…l’ensemble de la société québécoise ne me semble pas porter sur l’immigration le regard positif que mérite le phénomène.» (page 314).

Je termine ce commentaire avec deux autres phrases du livre que j’aime bien :

«Aujourd’hui plus que jamais, le pari des Québécois consiste à miser sur tous les tableaux : le Québec, le Canada, l’Amérique du Nord, la francophonie, le monde.» (page 312)

«Tant qu’ils demeureront un peuple parlant français et convaincu de constituer une nation distincte en Amérique du Nord, les Québécois seront à même de réinventer les formes de leur nationalisme.» (page 317)



Référence : Balthazar, Louis. «Nouveau bilan du nationalisme au Québec». VLB Éditeur, 2013. 317 pages.
http://www.edvlb.com/nouveau-bilan-nationalisme-au-quebec/louis-balthazar/livre/9782896493920

Jean-Claude Cloutier a également publié un commentaire sur ce livre. Il est disponible à https://blogualisation.wordpress.com/2014/03/29/une-histoire-provisoire-du-nationalisme-quebecois/ 

 

P.S. : J'ai publié un autre commentaire sur le nationalisme québécois en novembre 2014. Voici le lien vers ce commentaire :
http://jailuetvous.blogspot.ca/2014/11/le-nationalisme-quebecois.html

12 oct. 2016

«Molson et le Québec» de Gilles Laporte


Comme vous pouvez bien vous en douter, Molson n’est pas qu’une marque de bière. Il y a beaucoup plus derrière ce nom, et l’historien Gilles Laporte nous le fait découvrir en prenant comme point de départ l’arrivée de John Molson (l’ancien) à Montréal en 1782.

Laporte nous présente la contribution de la famille Molson au monde des affaires et au développement économique du Québec. La bière et le hockey sont loin d’être les seuls domaines où cette famille a laissé son empreinte. Déjà, au temps de John l’ancien, il y a bien eu la brasserie, mais ça ne s’arrête pas là. S’ajoute la construction et l’exploitation de bateaux à vapeur, la construction de chemins de fer, les services bancaires, le théâtre, etc. Les Molson ont d’ailleurs possédé  «…la plus vaste flotte à vapeur en Amérique.» (page 46) durant la première moitié du dix-neuvième siècle. John l’ancien sera aussi «…le plus important actionnaire particulier dans la première compagnie de chemin de fer au Canada.» (page 61). 

Avec le temps, la famille investit dans divers domaines et en délaisse d’autres. Toutefois, la brasserie demeure, en continu, un actif important. Il y a bien eu des moments difficiles, comme la «stratégie de diversification» (page 207) menée à compter des années 1970; l’auteur en vient même à la décrire comme une «dispersion» (page 208) ou un éparpillement des investissements. En outre, l’embauche de Dan O’Neil, comme redresseur de l’entreprise, se rapproche de ce que l’on pourrait appeler un fiasco (chapître 36).

Pourquoi la famille Molson est-elle devenue et demeure-t-elle une dynastie du monde des affaires au Québec, alors que la règle générale veut qu’une entreprise ne survive pas beaucoup plus loin qu’à la troisième génération du fondateur? Discipline, excellence et rigueur sont, selon Laporte, les mots qui résument le mieux «… la dure loi que s’est imposée la famille Molson,…» (pages 153 et 155).


Les Molson ne se préoccupent pas que d’affaires. Ils s’impliquent dans diverses causes, comme la santé, l’éducation, le sport amateur, la culture, etc. Gilles Laporte nous signale d’ailleurs qu’ «Aucune famille, à Montréal, n’a autant contribué à autant de fondations et œuvres de charité que la famille Molson,...» (page 99). Des membres de la famille s’impliquent aussi concrètement dans l’effort de guerre du Canada au cours des deux guerres mondiales de la première moitié du vingtième siècle.

Par ailleurs, voici trois courts passages où il y a vraisemblablement des erreurs qui peuvent laisser planer un doute sur la précision d’autres détails présentés dans le livre. La rivière Moisie serait «…près de Baie-Comeau…» (page 122), alors, qu’à ma connaissance, elle est juste à l’est de Sept-Îles. Roch Bolduc est identifié comme un «…sénateur beauceron…» (page 253), alors qu’il est plutôt originaire de Saint-Raphaël de Bellechasse (concédons que ce n’est tout de même pas très loin de la Beauce). Le sénateur indépendant Hartland Molson aurait défendu, en 1983, la taxe sur les produits et services (la TPS) proposée par les conservateurs (page 254), alors que ce n’est que quelques années après leur élection, en 1984, que la pertinence de cette taxe a pu être discutée au Sénat.


Enfin, bien que ce soit anecdotique, Laporte nous raconte brièvement l’histoire de Charles Chiniquy, prêtre qui prêche de paroisse en paroisse l’abstinence totale de consommation d’alcool, mais qui sera ultimement excommunié au milieu du dix-neuvième siècle, notamment parce qu’il «…se met à coucher avec des admiratrices.» et parce qu’il a été pris à «…outrager l’honneur de jeunes filles.» (page 116).

Référence
Laporte, Gilles. «Molson et le Québec». Les éditions Michel Brûlé, 2009. 264 pages 
http://www.michelbrule.com/livre-1543-Molson-et-le-Quebec-.php 

3 août 2016

«La politique dans la peau» de John Parisella

Ce livre constitue, en quelque sorte, les mémoires ou l’autobiographie de l’auteur avec, comme toile de fond, l’histoire politique récente du Québec. C’est le parcours d’un militant, d’un homme engagé dans un parti politique et qui a accompagné bien des dirigeants du Parti libéral du Québec (PLQ) tant dans leur gouverne des affaires de l’État que dans leur rôle de chef de l’opposition officielle. Parisella y relate notamment ses expériences en tant que Directeur général du PLQ et Chef de cabinet du Premier ministre. Il y raconte aussi, brièvement, son enfance, ses études, ses amitiés, sa vie familiale, etc., dans le Québec de la deuxième moitié du vingtième siècle notamment.

L’auteur nous rappelle des moments marquants de la vie politique québécoise et canadienne, dont les deux référendums sur l’avenir politique du Québec, la négociation de l’Accord du lac Meech et l’échec de sa ratification, la Crise d’Oka, etc.

Parisella va à l’essentiel. Il ne se perd pas, et ne nous perd pas, dans les détails. Ce sont surtout les chapitres où il est question de sa collaboration avec Robert Bourassa qui sont les plus intéressants; cette collaboration l’a certes marqué sur les plans professionnel et personnel. Il insiste sur l’importance du lien fédéral pour l’ancien Premier ministre, et ce, même dans les mois qui ont suivi l’échec de Meech. Voici l’extrait qui témoigne le mieux de la position de monsieur Bourassa à ce sujet : «La sécurité et le développement économiques du Québec reposaient, selon lui, sur une union économique, monétaire et politique. Le lien fédératif était donc essentiel.» (page 207)

Il y a des passages du livre qui font sourire, comme la «cage à homards» de Jacques Parizeau qui devient une marmite où les Québécois sont «…des homards jetés dans l’eau bouillante après une victoire référendaire.» (page 295). (Il faut toutefois préciser que lorsque cette information a été publiée en 1995, Radio-Canada aurait erré en référant aux homards jetés dans l’eau bouillante.) Aussi, pour qui connait bien la colline parlementaire à Québec, le complexe «G» se substitue dans la mémoire de Parisella à l’édifice «J» comme site du «bunker» (page 272). La méprise devient quelque peu loufoque lorsqu’il indique : « Ces discussions survenaient souvent lors de nos longues marches régulières sur le toit de l’édifice G, hiver comme été.» (page 273). Pour qui ne connait pas Québec, le «G» a trente et un étages et son toit est principalement utilisé comme tour de relais de signaux de communication; personne n’irait s’y promener; le «J», lui, n’a que quatre ou cinq étages et son toit se prête bien à la promenade de courte distance.


Référence : Parisella, John,E. «La politique dans la peau : mes années avec Robert Bourassa, Claude Ryan, Daniel Johnson et Jean Charest». Les Éditions La Presse, 2015. 389 pages. 
http://editions.lapresse.ca/nos-livres/categorie/biographies-recits-et-recueils/livre/la-politique-dans-la-peau/

30 juin 2016

« Confessions post-référendaires » de Chantal Hébert et Jean Lapierre


Chacun d’entre nous a gardé en mémoire des souvenirs du référendum de 1995 sur l’avenir politique du Québec. Quels sont ceux qu’en ont conservés les dirigeants politiques de cette époque, particulièrement quant à l’éventualité d’un Oui, comme le laissaient croire bien des sondages à quelques jours du vote? Chantal Hébert et Jean Lapierre ont voulu répondre à cette question en les interrogeant presque vingt ans après la campagne référendaire, et ils ont ensuite relaté et analysé leurs souvenirs en rédigeant «Confessions post-référendaires – Les acteurs politiques de 1995 et le scénario d’un Oui».

L’aspect le plus étonnant de leur analyse, c’est l’absence de communication entre les acteurs politiques tout au cours de la campagne. Un court passage de leur livre le résume bien : «Pendant le référendum de 1995, les relations dysfonctionnelles étaient la règle plutôt que l’exception aux plus hauts niveaux des camps du Oui et du Non.» (page 153)

Même si les têtes d’affiche du Oui communiquaient peu entre elles,  ce camp était bien préparé, mais son chef, Jacques Parizeau, n’avait pas le charisme et l’ascendant nécessaires pour convaincre une majorité de Québécois. Faisant face à une éventuelle défaite, les dirigeants du Oui ont bien réagi en optant pour un porte-parole en odeur de sainteté à l’époque, Lucien Bouchard. Voici, toutefois, ce qu’en disent Hébert et Lapierre :   «Bouchard avait peut-être l’air de dominer l’échiquier souverainiste, mais il n’était, en fin de compte, que le pion le plus important dans le grand jeu de Parizeau, un pion qui risquait fort, par la suite, d’être confiné à un coin de l’échiquier.  Sa valeur stratégique était programmée pour décliner dès l’ouverture des bureaux de vote. » (p. 31)

Au sujet de monsieur Parizeau, on apprend aussi que : « Paradoxalement, le scénario qu’appréhendait le plus le premier ministre Parizeau, son « cauchemar », comme il l’appelle encore aujourd’hui, ressemblait beaucoup au scénario de la renégociation en profondeur de la relation Québec-Canada à laquelle aspiraient Lucien Bouchard et Mario Dumont. » (p. 60)

Ce «cauchemar» révèle bien le contenu ambigu de la question référendaire où il était, en même temps, question de devenir souverain et d’offrir un nouveau partenariat économique et politique. Le référendum sur l’indépendance de l’Écosse en 2014 et celui, tout récent, sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne sont, en revanche, de bons exemples de questions claires.

D’ailleurs, l’ambiguïté de la question apparait bien aussi dans la signification ou l’interprétation que des «acteurs politiques de 1995» auraient donnée à un Oui. Laissons-les s’exprimer.

Jean Charest : « À mon avis, un Oui, ne serait pas seulement une étape, ce serait une brisure. » (p.84)

Mario Dumont : « À son avis, une victoire souverainiste serrée aurait marqué la fin, non pas de la place du Québec dans le Canada, mais plutôt du long parcours de pèlerin de Parizeau. » (p.50)

André Ouellet : « Je n’ai jamais pensé que ce référendum, quel que soit le résultat, règlerait le sort du Québec. » (p.164)

Paul Martin : « Il dit qu’il était personnellement d’avis que l’hypothèse du départ du Québec de la fédération ne devait, sous aucun prétexte, être envisagé. » (p.139)

Pour revenir «aux relations dysfonctionnelles», Lucienne Robillard, «…qui jouait le rôle d’intermédiaire entre les forces du Non au Québec et le gouvernement de Jean Chrétien.» (p.71), va jusqu’à dire : « À l’époque, je n’ai entendu aucun plan de match.  J’ai été en contact hebdomadaire avec les hauts fonctionnaires du Conseil privé.  Ensuite, il y avait le comité de stratégies avec les gens du PLQ.  Je n’ai jamais entendu parler de ce qu’on aurait fait si on avait un Oui ou encore de quel serait notre position sur ce genre de résultat. » (p.81)

L’absence de communications et de clairvoyance a fait que, dans son action, Sheila Copps s’est : « Plus souvent qu’autrement, … sentie aussi inutile que la mouche du coche. » (p. 113)

Mike Harris, lui, « … était convaincu que le premier ministre Jean Chrétien n’avait pas l’ombre d’un début de plan de match pour faire face à la tourmente que provoquerait un Oui. » (p. 200)

Toutefois, un passage laisse croire qu’il y avait, à tout le moins, un début de réflexion. Frank McKenna a dit aux auteurs que Jean Chrétien lui «… a demandé si je serais disposé à faire partie d’un cabinet d’union nationale. » (p.215)

Jean Chrétien, pour sa part, indique aux auteurs « … que la classe politique fédérale, à commencer par le premier ministre, a, par définition, de la difficulté à trouver sa place dans une structure référendaire conçue par et pour des acteurs politiques de l’Assemblée nationale. « La difficulté de cette situation, c’est que le Président du camp du Non, c’est le chef de l’opposition à Québec, mais que l’adversaire, c’est le gars qui est à Ottawa. »» (p. 245)

Ce commentaire de Jean Chrétien suscite une interrogation importante par rapport à l’application de la « Loi sur la consultation populaire » au Québec. Mettons-nous dans le contexte d’un troisième référendum sur l’avenir du Québec. Le camp du Non serait, comme le prévoit la Loi, dirigé par le Chef de l’Opposition. Qu’arrive-t-il si c’est la Coalition avenir Québec qui joue le rôle d’Opposition officielle, et qu’elle a encore, comme chef, un militant de l’indépendance qui a tout simplement mis en veilleuse son ardent désir de voir le Québec devenir indépendant? L’option du Non serait-elle bien défendue?

Par ailleurs, d’autres commentaires sont particulièrement intéressants, dont celui-ci de Preston Manning : « Avec le recul, Manning voit la période référendaire comme « une occasion unique » de rééquilibrer la fédération, occasion qui n’a pas été saisie à cause de la suffisance de ses rivaux libéraux. » (p. 180)

Roy Romanow, lui, s’interrogeait, entre autres, sur le leadership politique advenant une négociation Québec-Canada : « Comment expliquer aux habitants de Preeceville, en Saskatchewan, qu’un Québécois négocie en leur nom contre un Québécois déterminé, à leurs yeux, à briser leur pays? » (p.192)

Raymond Chrétien, ambassadeur du Canada à Washington à l’époque, relate l’intérêt des Américains le soir du référendum : « Voir CNN rapporter le vote au Québec aux quinze minutes, aux vingt minutes, c’était sans précédent. J’en ai parlé avec mes prédécesseurs. Ils n’ont jamais vécu ainsi sous la loupe des médias américains ou pas aussi intensément. C’est le plus délicat dossier que j’ai traité. » (p. 150)

Brian Tobin, l’organisateur du grand déploiement d’affection des Canadiens envers le Québec à quelques jours du référendum, révèle ceci : « … il a fallu moins d’une demi-heure à Chrétien pour décider de passer outre à l’avis de ses ministres québécois, de donner sa bénédiction au projet de rassemblement et d’ordonner à son ministre terre-neuvien de mettre le projet d’une méga-manifestation fédéraliste à exécution. » (p. 129)

Un autre commentaire, plutôt désolant, concerne Daniel Johnson : « Même s’il a accepté assez volontiers de s’entretenir avec nous, il a passé plus de temps à nous dire de quoi il était résolu à ne pas parler qu’à jeter un peu plus d’éclairage sur l’épisode historique dans lequel il a joué un rôle marquant. » (p.95)

Laissons le commentaire final à Bob Rae : « Aujourd’hui, il est difficile pour les gens de concevoir à quel point la question de l’avenir du Canada et de la place du Québec dans la fédération était centrale. Mais pendant toute cette partie de ma vie politique, comme député fédéral, comme chef d’opposition [à Queen’s Park] ou comme premier ministre, cela avait été la principale préoccupation [de la classe politique].» (p.226)

 

Référence : Hébert, Chantal et Jean Lapierre. «Confessions post-référendaires – Les acteurs politiques de 1995 et le scénario d’un Oui». Les Éditions de l’Homme, 2014. 285 pages.
http://www.editions-homme.com/confessions-post-referendaires/chantal-hebert/livre/9782761940924

19 mai 2016

«Collapse and Revival» de Kose et Terrones


Une contribution majeure s’est ajoutée sur le plan de l’analyse des cycles économiques l’automne dernier. «Collapse and Revival - Understanding Global Recessions and Recoveries» examine les cycles de l’économie mondiale sur un peu plus d’un demi-siècle, soit entre 1960 et 2014. Les auteurs, Kose et Terrones, ne sont pas les premiers à analyser ce sujet, mais ils sont les premiers à le faire de façon aussi exhaustive et précise.

«Collapse and Revival», c’est un ouvrage d’immersion dans l’étude des cycles. C’est près de cent soixante-dix pages d’analyses, de tableaux et de graphiques, vingt-six pages de notes sur des références ou sur des précisions ou des nuances, vingt-sept pages de bibliographie et dix appendices. Il y a donc abondance de renseignements et d’indicateurs, et de quoi satisfaire amplement les amateurs de détails. En lisant toutes ces pages, on ne peut qu’être impressionné par la profondeur des assises des propos des auteurs, ainsi que par la richesse et la densité de la documentation de base.

Ce livre ne se limite pas à déterminer les phases de récession et d’expansion des cycles de l’économie mondiale. Les auteurs y examinent aussi :

- les événements économiques qui les ont marquées,

- les politiques monétaires et fiscales, parfois divergentes selon les économies, mises de l’avant pour en atténuer les coûts et les conséquences,

- les préoccupations et les défis propres à chaque cycle,

- les différences entre les récessions selon, par exemple, qu’elles soient ou non accompagnées ou dues à des crises financières, et les conséquences de ces crises sur le rythme de l’expansion,

- les interrelations entre les cycles mondiaux et les cycles nationaux (à titre d’exemple, l’économie américaine est en récession lorsque l’économie mondiale l’est, mais l’économie américaine est parfois en récession sans que l’économie mondiale le soit),

- les indicateurs et les résultats selon les grands regroupements que sont les économies avancées, les économies émergentes et les autres économies en développement,

- l’importance plus ou moins grande de la synchronisation, de  l’incertitude et de bien d’autres variables sur l’ampleur et la durée des récessions, et

- les leçons à tirer de leur analyse.

La définition de récession retenue, les indicateurs macroéconomiques utilisés et le jugement des auteurs leur ont permis d’établir qu’il y a eu quatre récessions mondiales, soit en 1975, 1982, 1991 et 2009, et deux ralentissements, soit en 1998 et 2001, au cours de la période examinée. Ils ont identifié les caractéristiques particulières de chaque récession et de chaque expansion ainsi que des deux années de ralentissement. Ils ont signalé ce que les quatre phases de récession ont en commun, mais, peut-être encore plus intéressant, ce qui les distingue aussi.

Les auteurs s’appuient, entre autres, sur les meilleures pratiques pour déterminer l’occurrence des phases de récession et d’expansion des cycles économiques de pays ou groupes de pays. Ils s’inspirent ainsi des méthodes d’analyse des cycles développées par des organismes qui ont la responsabilité de déterminer les dates officielles des phases d’expansion et de récession, comme le National Bureau of Economic Research pour les États-Unis et le Centre for Economic Policy Research pour la zone euro.

 

Plusieurs analystes ont déjà prédit la fin du cycle économique, particulièrement lorsque la phase d’expansion est longue. D’autres ont avancé que la mondialisation, les changements technologiques et l’évolution de la finance allaient rendre caduque le cycle.* N’en croyez rien! Il en est tout autrement comme en témoigne notamment la récession mondiale de 2009. Comme l’indiquent les auteurs, «The business cycle, national as well as global, is alive and well. » (page 168).

Les phases d’expansion et de récession font partie intégrante de la vie économique. Kose et Terrones terminent d’ailleurs comme suit leur ouvrage :

«Our main message is that collapse and revival are unavoidable features of the global business cycle. If there is one recurring lesson, it is our fundamental need to develop better policy tools to mitigate the costs associated with collapses and accelerate revivals.»

«Collapse and Revival» est, et le sera probablement longtemps, la référence sur les cycles de l’économie mondiale. J’en recommande la lecture, particulièrement aux gens qui croient encore que deux trimestres consécutifs de contraction du PIB réel  suffisent pour déterminer l’occurrence d’une récession.

*Lire à ce sujet le passage provenant de la revue The Economist  et reproduit à la note 9 à la page 194 de «Collapse and Revival».

Référence : Kose, M. Ayhan et Marco E. Terrones. «Collapse and Revival: Understanding Global Recessions and Recoveries». Fonds monétaire international, 2015.
http://www.imfbookstore.org/ProdDetails.asp?ID=GRGREH&mlc=CR201410 

 

17 mars 2016

«Histoire de l'analyse économique» de Joseph Aloys Schumpeter


Lire l’«Histoire de l’analyse économique», c’est comme entrer dans une bibliothèque où il n’y a, pour l’essentiel, que des livres ou des articles sur l’économie. Schumpeter nous y accueille pour nous livrer ses commentaires et ses critiques sur les auteurs, du monde occidental notamment, qui ont contribué à l’évolution de l’analyse économique de l’Antiquité à la première moitié du vingtième siècle.

Son Histoire «…examine comment les hommes ont appliqué leur raison à comprendre les choses et non comment ils ont appliqué leur raison ou leur volonté à essayer de les changer.» (tome 3, page 18).  Il y étudie les «…tentatives visant à décrire et expliquer les faits économiques et à donner les moyens d’y parvenir.» (t 1, p 14). Ainsi, son sujet n’est pas l’histoire de l’économie, non plus celle de la politique économique ou celle de l’évolution de la pensée économique. La distinction entre l’analyse et ces domaines n’est cependant pas toujours facile à établir; l’influence de l’un sur l’autre et leur interdépendance sont bien réels; les parois sont pour ainsi dire loin d’être étanches.

Pourquoi étudier l’histoire et, en particulier, celle de l’analyse économique?

Selon Schumpeter, «…la plupart des erreurs fondamentales commises en analyse économique sont dues au manque d’expérience historique  plus souvent qu’à tout autre insuffisance de l’outillage de l’économiste.» (t 1, p 37).

Le tome 1, «L’âge des fondateurs», couvre une longue période allant des penseurs grecs de l’Antiquité, notamment Aristote, jusqu’à Adam Smith et ses contemporains, en passant par les scholastiques, les philosophes du droit naturel, les experts de l’administration et les pamphlétaires, les économétriciens, les mercantilistes, etc. Les sujets d’analyse ne manquent pas : monnaie, valeur, intérêt, population, rendements, salaires, emploi, commerce, État-Providence, etc. Cet âge est marqué par la publication, en 1776, de la «Richesse des nations» de Adam Smith.

Le tome 2, «L’âge classique»,  de 1790 à 1870. C’est l’âge où la science économique est devenue «…une discipline reconnue.» (t 2, p 201), selon Schumpeter. Cependant, il écrit «…nous continuons de mésestimer ce qui s’est accompli avant Smith; nous continuons de surfaire ce que les «classiques» ont apporté.» (t 2, p 13). Cet âge, c’est la contribution à l’analyse des Malthus, Senior, Ricardo, Marx, J.S. Mill, Say, Thornton, etc. C’est la période où on explore et élabore des théories, on tente de les généraliser, on développe de nouveaux outils, dont les sources de statistiques officielles, on approfondit plusieurs des sujets examinés par les «fondateurs», on critique les contributions des uns et des autres, etc. Schumpeter ne se gêne pas pour, lui aussi, commenter, critiquer et identifier les lacunes des divers apports à la discipline. Par ailleurs, il signale que «L’une des contributions les plus importantes de l’époque…et l’une des rares qui soient vraiment originales est la découverte et le début de l’analyse des cycles économiques.» (t 2, p 479).

Le tome 3 «L’âge de la science», 1870 à 1914 et après. En préface à la version française, Raymond Barre écrit : «C’est sans nul doute la partie la plus magistrale de l’Histoire.» (t 1, p XIV). Ce sont les écrits de Marshall, Walras, Jevons, Menger, Pareto, Fisher, Wicksell, Keynes, etc., qui y sont examinés par Schumpeter. Tous les sujets imaginables y passent. Il suffit de jeter un coup d’oeil à la table des matières de ce tome pour avoir une idée des contributions et de leur origine.

L’Histoire a fait l’objet de nombreux commentaires, dont celui-ci de Raymond Barre que l’on ne peut ignorer :

 «L’Histoire est l’instrument indispensable d’une culture économique, qui nous fait de plus en plus défaut en dépit du développement des techniques les plus élaborées.» (t 1, p XIII).

Jacob Viner s’y prend d’une autre manière pour souligner la publication de l’Histoire :

«There is, as we shall see, much in this book which is redundant, irrelevant, cryptic, strongly biased, paradoxical, or otherwise unhelpful or even harmful to understanding. When all this is set aside, there still remains enough to constitute, by a wide margin, the most constructive, the most original, the most learned, and the most brilliant contribution to the history of the analytical phases of our discipline which has ever been made.»*

 

Schumpeter est mort en janvier 1950, sans avoir pu compléter la rédaction de l’Histoire. Il laissa en divers endroits des textes achevés, d’autres dactylographiés mais non révisés, ainsi qu’un bon nombre de manuscrits. Elizabeth Boody Schumpeter, son épouse, entreprit le travail herculéen d’éditer l’Histoire, sans contredit un grand acte d’amour et de persévérance. Elle le termina en 1952, et elle mourut peu de temps après. La version originale en anglais de cette œuvre fut publiée en 1954; la version française parut en 1983.

En terminant, pour piquer votre curiosité et vous inciter à lire ne serait-ce que quelques chapîtres de l’Histoire, en voici des passages sur trois de ses principaux personnages :

Adam Smith 

«…le fait est que la Richesse des Nations ne contient pas une seule idée, principe ou méthode analytique qui fût entièrement nouvelle en 1776.» (t 1, p 262)

«…c’est tout de même une grande œuvre et qui mérite pleinement son succès.» (t 1, p 263)

Karl Marx :

«…Marx n’avait pas essayé de décrire le mode de fonctionnement du socialisme centralisé qu’il envisageait pour l’avenir. Sa théorie est une analyse de l’économie capitaliste.» (t 3, p 313)

« Trois économistes éminents, von Wieser, Pareto et Barone, qui n’avaient aucune sympathie pour le socialisme, créèrent ce qui est virtuellement la théorie pure de l’économie socialiste. Ils rendirent ainsi à la doctrine socialiste un service que les socialistes n’avaient jamais été capables de lui rendre.» (t 3, p 313)

John Maynard Keynes

«…on ne semble pas avoir réalisé combien son modèle était strictement un modèle de court terme et l’importance que revêt ce fait pour la structure d’ensemble et les résultats de la Théorie Générale. La restriction déterminante tient à ce que non seulement les fonctions et les méthodes de production ne sont pas soumises au changement, mais également la quantité et la qualité des installations.» (t 3, p 581)

«Bien que la «théorie de l’effondrement» de Keynes soit tout à fait différente de celle de Marx, elle présente un trait commun important avec cette dernière : dans les deux théories, l’effondrement résulte de causes inhérentes au fonctionnement de l’appareil économique et non de l’action de facteurs extérieurs.» (t 3, p 582)

 

* Cet extrait provient de l’introduction de Mark Perlman à l’impression de 1981 de la version anglaise de l’Histoire. Il a été tiré de : Viner, Jacob (1954). ‘Schumpeter’s History of Economic Analysis: A Review Article.’ American Economic Review 44, 894–910.
 

P.S. : Ma lecture de l’Histoire m’a amené à préparer un autre article il y a quelques mois. Il est intitulé «L’économie est-elle une science? La réponse de Schumpeter»; il est disponible à : http://jailuetvous.blogspot.ca/2015/03/leconomie-est-elle-une-science.html

5 mars 2016

«Un homme et son péché» de Claude-Henri Grignon



Je m’attendais à ce que ce roman ait au moins quatre cents pages tenant compte qu’il a servi d’inspiration à des émissions à la radio et à la télévision qui furent diffusées de très nombreuses années. Et pourtant, il en fait un peu moins de cent vingt-cinq, en excluant la préface et le glossaire. Il a aussi été porté au cinéma. Ce sera toutefois le début du récent téléroman «Les pays d’en haut» qui m’incitera à en faire la lecture.

L’auteur nous raconte la vie d’un avare qu’il a connu alors qu’il résidait dans la région des Laurentides au Québec. La servitude à l’argent de Séraphin domine son existence. Elle marque de façon particulièrement négative ses relations avec les autres personnes qui en viennent d’ailleurs soit à le craindre, soit à le détester ou soit à le trouver dégoûtant ou même hideux. Il se prive de tout sur le plan humain et matériel pour assouvir sa passion de s’enrichir monétairement; une richesse importante par rapport à celle de ses concitoyens de Sainte-Adèle, mais dérisoire si on la compare à celle des barons de la finance et de l’industrie de l’époque. Son épouse, Donalda, sera une victime de sa passion-vice. Elle vivra à ses côtés un an et un jour, une éternité tenant compte des circonstances, avant de mourir privée de tout, à l’exception des prières du curé et de l’extrême-onction qui ont l’avantage de ne rien coûter à Séraphin.

Le roman de Grignon n’est pas qu’avarice et souffrance. Il nous transporte dans une région pittoresque du Québec à la fin du dix-neuvième siècle. Il nous décrit bien les conséquences des saisons sur le quotidien et les gagne-pain des défricheurs de l’époque. Leur mode de vie est évoqué ainsi que certaines pratiques du temps, comme la veillée-au-corps. L’auteur fait aussi allusion au libertinage, notamment celui d’Alexis, un père de famille au grand cœur, porté à l’excès, tout comme son cousin Séraphin, mais leurs péchés capitaux sont  bien différents.

Au lit dans le roman, on y est malade, tourmenté, à l’agonie, à la recherche d’un peu de chaleur, et c’est là où s’achève la vie misérable en couple de Donalda. Dans le nouveau téléroman, il en est tout autrement, du moins jusqu’à maintenant, sauf au moment de la maladie d’amour de la jeune Donalda.

Enfin, en préface du roman, l’auteur nous révèle qu’il n’y a que dans la mort de l’avare qu’il a laissé libre cours à son imagination : «Tout le reste, ce sont des gestes, ce sont des faits qui se sont produits à heure dite et dans un temps déterminé.» (page 21).

Référence : Grignon, Claude-Henri. «Un homme et son péché». La première édition remonte à 1933; la plus récente, en 2012, fut publiée chez Les Éditions internationales Alain Stanké, collection 10/10.

21 janv. 2016

«The Book of Negroes» de Lawrence Hill

«The Book of Negroes» est un roman historique sur l'esclavage; celui vécut par les Africains en Amérique du Nord, particulièrement au dix-huitième siècle. Outre le récit traditionnel de la capture des esclaves, de leur traversée de l'océan et de leur existence de misère, notamment aux États-Unis, le roman met l'accent aussi sur les efforts déployés, notamment en Angleterre, pour obtenir, d'abord, la fin du commerce des esclaves et, ensuite, l'abolition de l'esclavage au dix-neuvième siècle.

Lawrence Hill ajoute une autre dimension originale : le sort réservé aux Noirs qui sont demeurés loyaux à l'Angleterre durant et après la Révolution américaine. Il en fait séjourner plusieurs en Nouvelle-Écosse après la Révolution, et il fait vivre ensuite à certains d'entre eux un retour en Afrique, plus précisément en Sierra Leone, où la liberté tant espérée ne sera pas, pour la plupart d'entre eux, conforme à leurs rêves et à leurs attentes.

L'auteur a consulté un grand nombre de spécialistes et d'ouvrages de référence pour guider sa rédaction de ce roman. Il fait ainsi évoluer ses personnages dans les événements qui ont véritablement marqué l'histoire de l'esclavage des Noirs.

Référence : Hill, Lawrence. «The Book of Negroes». HarperCollins Publishers Ltd, 2007. 487 pages.

 http://lawrencehill.com/the-book-of-negroes/