9 mai 2019

«Un selfie avec Justin Trudeau - Regard critique sur la diplomatie du premier ministre» de Jocelyn Coulon

Le sous-titre aurait pu être le titre de ce livre, puisqu'il s'agit bien d'un examen critique de la diplomatie canadienne depuis l'arrivée au pouvoir de l'équipe libérale de Justin Trudeau. Jocelyn Coulon y met en évidence l'absence de véritable politique étrangère du gouvernement Trudeau, malgré les efforts louables à l'origine du ministre des Affaires mondiales, Stéphane Dion, «congédié» par le Premier ministre en janvier 2017. On sent bien dans ce livre tout le respect de Coulon à l'égard de Dion.

Coulon compare la stratégie d'affaires internationales de ce gouvernement à celle des précédents. Il affirme que l'approche actuelle fait fi de l'héritage des gouvernements canadiens d'avant 2006, contrairement à ce que laissait présager le programme des libéraux au cours de la campagne électorale de 2015. Son diagnostic est clair et sans retenue : «...la politique du gouvernement libéral ne crée pas une rupture avec les conservateurs mais bien une continuité.» Les décisions en matière de relations internationales sont prises en considérant, d'abord et avant tout, les bénéfices électoraux auprès de groupes ciblés sans suffisamment tenir compte des intérêts du Canada dans son ensemble.

L'auteur écrit, entre autres, que «...si le rapprochement avec la Chine produit les résultats escomptés...ce sera le plus grand succès de politique étrangère de Justin Trudeau.» (page 211). Ce passage a été écrit il y a plus d'un an. Tenant compte des événements depuis dans les relations Canada-Chine, il le réviserait sûrement aujourd'hui.

Deux phrases résument bien l'évaluation que fait Jocelyn Coulon du Premier ministre :

«À force d'être prisonnier des images, on finit par oublier les idées.» (p. 13)

«... ce n'est pas en répétant des slogans sur les bienfaits du statu quo et en restant passif devant le monde que le Canada se rendra essentiel.» (p. 235) 





Coulon, Jocelyn. «Un selfie avec Justin Trudeau - Regard critique sur la diplomatie du premier ministre». Éditions Québec Amérique, 2018. 238 pages