29 nov. 2012

Petite satire de la soixantaine


N.B. : Il ne s'agit pas ici d'un commentaire sur un livre ou un article, mais plutôt d'un texte que j'ai préparé pour souligner les soixante ans d'un ami. J'ai pensé le partager avec vous en espérant qu'il vous fasse sourire.
 
Pour souligner tes 60 ans,…, plusieurs vont t’offrir de bons vœux et des mots de réconfort, comme : « À choisir entre la vieille cinquantaine et la jeune soixantaine, vaut mieux la jeune soixantaine». Moi, je vais te dire les vraies affaires, et ce à quoi tu dois t’attendre. J’accepte de jouer le rôle de rabat-joie, rôle qui me va bien d’ailleurs.

En homme cultivé et instruit, tu as lu, jadis, «L’adolescent à la découverte de son corps» ainsi que «Le jeune marié à la découverte de sa bien-aimée». Attends-toi à recevoir en cadeau, à Noël probablement, «Le sexagénaire à l’écoute de son corps», l’accent étant mis sur l’écoute, et non sur la première syllabe de sexagénaire.

Tu y apprendras que ton corps va t’offrir de nouvelles sensations fortes. Arthrite, arthrose, courbatures, etc. deviendront, pour toi, de nouveaux synonymes de jouissance. Aussi, à tous les aphrodisiaques que tu as essayés ou que tu connais, s’en ajoutera un autre : l’antiphlogistine. Progressivement, tu en viendras à prendre autant de temps pour en enduire tes nouvelles zones sensibles que tu en prendras pour faire ta toilette du matin.

*****

Un beau matin de printemps, où tu te sentiras particulièrement en forme, peut-être en viendras-tu à constater que tes rides sont moins profondes et moins nombreuses au moment de te regarder dans le miroir de la salle de bain. Avant que tu n’aies pu partager cette bonne nouvelle  avec ton épouse, tu l’entendras te dire : «…, n’oublie pas ton rendez-vous chez l’optométriste à neuf heures, et, sur le chemin du retour, achète des ampoules électriques, celles de la salle de bain commencent à faiblir».

Ton médecin de famille prendra bientôt sa retraite, lui aussi, et il sera probablement remplacé par une jeune femme bien motivée et très connaissante. Au moment de conclure ton premier rendez-vous avec elle, tu devras peut-être lui indiquer qu’elle a oublié de faire ton examen de la prostate. Oublié? Il y a des oublis volontaires, se dira-t-elle intérieurement. Au moment où tu baisseras ta culotte, tu t’interrogeras sur ses compétences, pendant qu’elle songera à réorienter sa carrière vers un domaine plus excitant.

À l’achat de billets du spectacle «Le retour de nos idoles», tu te rendras compte que le prix est moins élevé que ce que tu prévoyais. En homme honnête, tu indiqueras à la caissière qu’il y a probablement erreur. Elle te répondra : «Ah, pourtant, je vous ai bien facturé le tarif préférentiel des 65 ans et plus». Imagine son étonnement quand tu lui apprendras que tu n’as que 60 ans. Si l’on te dit que tu ne fais pas ton âge, cet épisode t’aidera à te rappeler que cette évaluation  peut aller aussi bien à la hausse qu’à la baisse.



Équipé de ton rutilant VR de retraité financièrement à l’aise, tu iras rejoindre, pour quelques jours, tes enfants et tes petits-enfants à leur camping préféré. Tu y feras connaissance du gardien sympathique que tous désignent comme «le vieux monsieur» en parlant de lui. En discutant de choses et d’autres avec cet homme, tu apprendras qu’il a deux ans de moins que toi. Et, désormais, tu insisteras auprès de tes petits-enfants pour qu’ils y réfèrent en l'appelant «monsieur le gardien».  
Un beau jour ton auto tombera en panne, et tu reviendras à la maison en autobus. Attends-toi à ce qu’une jeune femme te fasse un beau sourire et un signe de la main pour que tu t’approches. Premier réflexe : tu penseras qu’elle s’adresse à quelqu’un d’autre. Mais non, c’est bien à toi qu’elle se manifestera. Tu imagineras, un instant, que ton charme légendaire opère toujours, pour finalement te rendre à l’évidence : elle t’offrira son siège.

Aussi, tu en viendras progressivement à te dire en te voyant dans le miroir de la soixantaine que ce n’est peut-être pas aussi important qu’auparavant de croire «…en la résurrection de la chair…», et tu en viendras à ignorer ces mots au moment de réciter le «Je crois en Dieu» à la messe.

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As-tu besoin,…, d’autres mises en situation pour bien comprendre les merveilles de la soixantaine?

Si «Un homme averti en vaut deux», te voilà doublement prêt à amorcer «ta jeune soixantaine».

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Bonne fête …!

Et, profite bien de l’instant présent avec ton épouse et tous tes proches, car l’avenir et, surtout, la quête de la vie éternelle demeurent pleins de mystères.
  

13 sept. 2012

La politique commerciale du Canada : en attendant...

Contrairement à mes commentaires précédents qui portent sur un livre ou sur un article de revue, la préparation de celui-ci a nécessité la consultation de nombreuses sources. Il a aussi été publié le 12 septembre sur le blog de l'Association des économistes québécois.

L’accès aux marchés prend toute son importance pour un pays qui comme le Canada dépend autant du commerce extérieur pour assurer son développement économique. Rien de surprenant alors à ce qu’il soit partie prenante à diverses initiatives visant à libéraliser les échanges. Le but de ce commentaire est de rappeler les principaux projets d’ouverture des marchés auxquels le Canada est associé ou a été historiquement associé.

Une mise en garde s’impose : traiter d’un sujet aussi vaste et complexe en quelques paragraphes oblige à des omissions volontaires, à ignorer des précisions, des nuances, etc.

Les États-Unis

Le «Traité de réciprocité» commerciale entre le Canada et les États-Unis fut abrogé en 1866. En attendant ou en désespérant d’un éventuel retour à la réciprocité, le Canada adopta la «Politique nationale» (1879) qui comportait des obstacles douaniers pour stimuler le développement de son industrie manufacturière à l’abri de la concurrence étrangère.

En attendant un accord de libéralisation des échanges de grande portée, version vingtième siècle de la réciprocité, le Canada et les États-Unis ont conclu deux accords sectoriels de type «managed trade» : «l’Accord sur le partage de la production du matériel de défense», successeur au «Hyde Park Agreement» de 1941, et «l’Accord automobile» qui ont grandement influencé l’investissement et le commerce bilatéral.

En 1989, le rêve pour certains, le cauchemar pour d’autres, devient réalité : l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (ALÉ) entre en vigueur. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) viendra se superposer à cet Accord, en 1994, en élargissant au Mexique la zone de libre-échange canado-américaine. Toutefois, les entreprises canadiennes demeurent, encore aujourd’hui, dans l’attente d’un nouvel ensemble de règles en matière de subventions et droits compensateurs et de dumping ainsi que d’un meilleur accès aux marchés publics des États et des municipalités aux États-Unis. Si sur le premier sujet le besoin s’est atténué ces dernières années, sur le deuxième, les marchés publics, la frustration est toujours bien présente. En outre, depuis le 11 septembre 2001, la frontière canado-américaine s’est  en quelque sorte épaissie, ajoutant ainsi aux autres difficultés d’accès non résolues par l’ALÉNA.  

 

Le multilatéralisme

En attendant l’avènement du troisième pilier du  Système de Bretton Woods, l’Organisation internationale du commerce (OIC), le Canada participa activement aux diverses négociations commerciales multilatérales, tenues sous les auspices du GATT, en vue de libéraliser le commerce mondial. Son attention était toutefois centrée sur l’amélioration de l’accès des produits canadiens au marché américain. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) verra le jour en 1995 à la suite d’une initiative canadienne au cours de l’Uruguay Round (UR). Son rôle est nettement plus vaste que celui du Secrétariat du GATT, mais moindre que celui envisagé à l’origine pour l’OIC. L’ALÉ et l’ALÉNA contribuèrent à élargir la portée des règles commerciales multilatérales au cours de l’UR. Ils servirent d’exemples pour ajouter au commerce des biens, des domaines comme le commerce des services, la propriété intellectuelle et des aspects de l’investissement direct étranger.

En attendant la conclusion de la ronde de Doha… Au fait, y a-t-il encore un quelconque espoir d’en venir à une nouvelle entente multilatérale dans le contexte économique et politique actuel? Le blocage dans ce dossier permet au Canada d’attendre avant d’apporter d’éventuels changements à sa gestion de l’offre dans les domaines des produits laitiers, des œufs et de la volaille. Dans l’un de ses éditoriaux de son édition du 8 septembre, la revue The Economist propose d’abandonner la ronde de Doha et de lui substituer une négociation de moindre ampleur où l’accent serait mis sur les produits manufacturés et les services, ce qui laisserait à part le domaine le plus litigieux, soit l’agriculture. Cette revue suggère de la compléter d’ici décembre 2013 et de la baptiser «Global Recovery Round». 

L’Europe

Le Canada avait réussi à faire inclure dans le Traité de l’Atlantique Nord (1949) un engagement à la collaboration économique en plus de la défense militaire. Il y a bien eu à divers moments par la suite des communications politiques et des analyses sur une éventuelle zone de libre-échange de l’Atlantique Nord, mais sans plus. En attendant, le Canada et l’Europe ont tenté, sans succès probant, d’améliorer le cadre de leurs échanges, principalement en matière de normes.

Les choses pourraient cependant changer. Grâce principalement aux efforts conjugués du Forum de gens d’affaires sur le commerce Canada-Europe et du gouvernement du Québec, l’Union européenne (UE) et le Canada ont décidé en 2009 de s’engager dans une nouvelle initiative. Ils mènent depuis des négociations pour en venir d’ici quelques mois à un accord économique et commercial de grande portée qui pourrait éventuellement servir de modèle pour améliorer les échanges économiques entre l’Amérique du Nord et l’Europe, probablement la principale motivation de l’UE pour en venir à un accord avec le Canada. Un objectif plus terre à terre pour le Canada serait, à tout le moins, d’obtenir pour les entreprises canadiennes un accès au marché européen semblable à celui des entreprises d’autres pays ayant des accords commerciaux avec l’UE.

L’Amérique en développement

En attendant la Zone de libre-échange des Amériques, projet qui connut ses meilleures années dans les années 1990 et au début des années 2000, le Canada a des accords bilatéraux, modelés sur l’ALÉNA, et en vigueur, avec le Chili, le Costa Rica, la Colombie et le Pérou, et il en prévoit avec d’autres pays ou groupes de pays de l’hémisphère occidental.

L’Asie-Pacifique

En attendant la zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique, comme prévu à la naissance du Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC), le Canada  a des discussions ou des négociations bilatérales en cours avec la Corée du Sud, le Japon et Singapour. En marge du dernier G20, le Canada a intensifié ses efforts pour être invité à participer aux négociations du Partenariat transpacifique, où plusieurs membres de l’APEC tentent de donner un nouveau souffle au projet de libre-échange, envisagé à l’origine pour l’ensemble des pays limitrophes du Pacifique, en négociant entre eux un projet d’accord. Il vient tout juste, tout comme le Mexique, d’être admis comme partenaire dans ces négociations. Il prend un train déjà bien en marche puisque treize sessions de négociations ont été complétées et qu’une quatorzième est en cours à Leesburg en Virginie : un beau défi à relever pour ses négociateurs. Des partenaires, comme la Nouvelle-Zélande, l’attendent de pied ferme, notamment sur la question de l’accès au marché canadien pour les produits agricoles assujettis à la gestion de l’offre.  

Les relations fédérales-provinciales

Le gouvernement fédéral et les provinces ont progressivement développé des moyens de collaboration dans la définition de la politique commerciale canadienne, notamment depuis le Tokyo Round (1973-1979). La conclusion d’un accord formel sur la participation des provinces aux diverses initiatives qui en émanent souffre toutefois d’une trop longue attente.


En conclusion, la politique commerciale canadienne a été marquée par de nombreux projets, de longues périodes d’attente et des réalisations importantes pour qui sait voir les choses dans une perspective de long terme. Beaucoup reste à faire cependant. Certains objectifs de libéralisation peuvent être atteints par des initiatives unilatérales du Canada, d’autres exigent des négociations avec ses partenaires. Plusieurs aimeraient un meilleur ciblage des priorités, mais le Canada préfère ne négliger aucune avenue et saisir les occasions qui se présentent, quitte même à les provoquer. Si les entreprises canadiennes perdent des ventes au profit de leurs concurrentes étrangères sur un marché extérieur en raison de meilleures conditions d’accès pour celles-ci découlant d’accords de libéralisation des échanges, le Canada ne peut juste attendre. Il doit lui aussi  obtenir de meilleures conditions d’accès pour ses entreprises. L’absence de progrès dans les négociations multilatérales à l’OMC amène d’ailleurs les pays à conclure encore plus qu’auparavant des accords bilatéraux ou régionaux. Le Canada ne peut ignorer cette tendance. Un meilleur accès aux marchés ne règle pas comme par magie les problèmes de compétitivité des entreprises canadiennes, mais il en constitue une dimension importante et, surtout, à ne pas négliger.

Enfin, la politique commerciale et les initiatives en matière de libre-échange doivent faciliter ce que les humains font depuis bien des millénaires : échanger, avec ses avantages et, parfois, ses inconvénients.
 

4 juin 2012

«Pierre-Esprit Radisson (1636-1710), aventurier et commerçant» de Martin Fournier

La publication en 2011 du premier tome du roman historique de Martin Fournier sur Radisson m'a incité à lire la biographie de 2001 du même auteur sur ce personnage du dix-septième siècle. Il faut dire que mon intérêt pour Radisson remonte à mon enfance, à l'époque des émissions à la télé sur Radisson et Des Groseillers. En préface au roman historique, Serge Bouchard me déroute en écrivant que «La série en question n'était en rien conforme à la réalité,...». Déception vite surmontée toutefois!

Fournier m'a permis d'approfondir mes connaissances sur la Nouvelle-France du dix-septième siècle, sur les forces en présence, sur la dynamique des relations et des conflits entre les Amérindiens et entre les Amérindiens et les Européens. Le mode de vie des Amérindiens est particulièrement bien rendu dans le premier tome du roman historique.

Lire sur Radisson, c'est aussi lire sur le commerce des fourrures, et aussi sur sa contrepartie, le troc des armes et des outils et son impact significatif sur l'équilibre des forces dans les conflits entre les groupes d'autochtones. C'est aussi lire sur les conflits ou les guerres entre les Hollandais et les Anglais non seulement en Amérique, mais aussi en Europe et en Afrique. C'est lire sur les débuts de la Compagnie de la Baie d'Hudson, sur le fonctionnement de la Royal Society à l'époque. C'est lire sur deux visions de l'exercice du pouvoir: celle du Roi Soleil et du Pape, soit le pouvoir absolu de droit divin, et celle en dévelopement en Angleterre où les citoyens et leurs représentants au Parlement en viennent à encadrer de plus en plus le pouvoir royal.

La biographie met en évidence comment la vie d'un coureur des bois et négociant en fourrures est influencée par la politique de colonisation des Européens, les luttes de pouvoir, la dynamique des conflits en Amérique du Nord, les efforts d'évangélisation, etc. Elle nous fait connaître en Radisson un être doté de multiples capacités qui ne tiennent pas que de la légende, mais de faits vérifiables. À la page 290, Fournier signale une caractéristique importante de son sujet «...sa capacité exceptionnelle à s'adapter et à se transformer.»

Quant au premier tome du roman historique, je vous le recommande si les histoires de scalps, de torture, de cannibalisme et autres ne vous rebutent pas trop. Étant un peu fragile ou sensible, j'ai eu de la difficulté avec bien des passages. Il faut dire que mon seuil de tolérance est assez bas, particulièrement en fin de soirée.

Références
Biographie
Fournier, Martin. «Pierre-Esprit Radisson (1636-1710), aventurier et commerçant». Les éditions du Septentrion. 2001, 314 pages.
Roman historique
Fournier, Martin. «Les aventures de Radisson 1. L'enfer ne brûle pas». Les éditions du Septentrion. 2011, 318 pages.

3 mai 2012

«L'albatros» de Antonine Maillet

Ce roman d'Antonine Maillet a été très bien accueilli par la critique. Il est très bien rédigé, comme les autres oeuvres de cette auteure que j'ai lues. Je n'ai cependant pu m'intéresser à ce récit sur la vie acadienne dans les années 1930. Pourquoi? Je n'en ai pas vraiment idée. Son personnage principal vit son enfance en Nouvelle-Angleterre. Il nous fait brièvement visiter le New York de la grande dépression économique. Il arrive, encore adolescent, au pays de ses ancêtres, au Nouveau Brunswick, où ses talents multiples d'artiste, exagérés par l'auteure, peut-être même trop, servent de base au développement d'une autre fresque sur le peuple acadien.

J'ai quand même lu ce livre jusqu'à la fin croyant qu'il pourrait susciter chez moi un certain enthousiasme dans les dernières pages, à tout le moins. Ce ne fut pas le cas. En fait, j'ai nettement préféré «Pierre Bleu» que j'ai lu il y a quelques années et qui m'a captivé du début jusqu'à la fin. J'en ai conservé un très bon souvenir.

Références
Maillet, Antonine. «L'albatros». Leméac / Actes Sud, 2011. 267 pages.
De la  même auteure. «Pierre Bleu». Leméac, 2006. 288 pages.

24 avr. 2012

Adaptation et prospérité chez les fabricants canadiens

Une étude de Baldwin et Yan publiée en mars dernier par Statistique Canada «... porte sur la relation entre l'adaptation et la prospérité» chez les entreprises manufacturières canadiennes. Il y est question d'innovation, d'expansion sur les marchés, de productivité ainsi que de structure organisationnelle.

Voici quelques-unes des conclusions de cette étude :

«Entrer sur de nouveaux marchés intérieurs est aussi avantageux qu'entrer sur les marchés internationaux...Pour une entreprise, le fait de sortir des marchés d'exportation la rend peu susceptible de subir des répercussions négatives sur la croissance de sa productivité si cette sortie est suivie d'une entrée sur de nouveaux marchés intérieurs.»

«Une structure organisationnelle souple et décentralisée est une caractéristique importante des établissements entrant sur de nouveaux marchés comparativement aux autres établissements. Les établissements qui y arrivent se démarquent généralement par une conception flexible des tâches, le partage de renseignements avec les employés et l'existence d'équipes de résolution de problèmes, de comités mixtes patronaux-syndicaux et de groupes de travail autonomes.»

«Les écarts au chapitre de la réussite sont associés à la capacité des entreprises à trouver des moyens innovateurs de s'adapter au changement.»

L'originalité de cette étude tient à ses sources de données, à la méthode d'analyse et à la longue période d'examen. Elle n'est pas basée sur des études de cas, mais bien sur des résultats de vastes enquêtes. Aux personnes rébarbatives aux équations et aux tableaux, la lecture de l'introduction et de la conclusion donne une bonne idée de son contenu.

Référence : Baldwin, John R. et Beiling Yan. «Expansion sur les marchés et croissance de la productivité : les nouveaux marchés intérieurs sont-ils aussi importants que les marchés internationaux?». Statistique Canada, mars 2012. 33 pages.

http://www5.statcan.gc.ca/bsolc/olc-cel/olc-cel?catno=11F0027M2012078&lang=fra

3 avr. 2012

«Gaston Miron : La vie d'un homme» de Pierre Nepveu

Un retour dans la poésie et l'édition littéraire québécoises de la deuxième moitié du vingtième siècle, voilà ce que nous fait vivre Pierre Nepveu dans sa biographie de Gaston Miron publiée chez Boréal en 2011.

Nepveu nous présente comment Miron est devenu poète, son cheminement, ceux qui l'ont influencé, son vécu, ses amitiés, ses espoirs, ses échecs personnels, ses succès et ce qu'il a choisi d'exprimer dans son oeuvre.

On y retrouve non seulement le poète, mais aussi l'éditeur, l'enseignant, le folkloriste, le religieux (le frère Adrien), l'animateur, l'harmoniciste, l'amoureux, l'indépendantiste, le politicien, l'ambassadeur de la littérature et de la culture québécoises, le chantre d'un peuple, le mentor des autres écrivains, le récipiendaire de nombreux prix et hommages, mais aussi l'être en quête de lui-même et de son pays. L'homme est doué pour l'écriture, les relations et les communications publiques, les liens d'amitié, la vie intellectuelle, etc. Par contre, ses relations intimes et amoureuses sont difficiles et marquées par l'éphémère, tout le contraire de ce qu'il espérait.

Autant Miron a contribué à publier d'autres écrivains et à faire connaître leurs oeuvres, autant la publication de ses propres écrits lui était difficile. Il faudra l'insistance de ses proches et des ultimatums bien sentis pour l'amener à compléter et à remettre aux éditeurs ses poèmes et ses autres textes. Sa recherche de la perfection était presque maladive.

Cette biographie de Miron est aussi une occasion de revoir l'épopée de Cité libre et de Parti pris, deux revues qui ont contribué à remettre en question ce qui se passait au Québec dans les années cinquante et soixante, mais selon deux écoles de pensée bien distinctes. Miron était associé à celle de Parti pris où l'on retrouvait des intellectuels indépendantistes et de gauche.

Plusieurs personnages connus du public québécois, et pour la plupart disparus, viennent nous faire un clin d'oeil sous la plume de Nepveu. Mentionnons : Ambroise Lafortune, Alain Grandbois, Françoise Gaudet-Smet, Gérald Godin, Pauline Julien, les Jacques Ferron, Godbout et Hébert, Pierre Vallières, Frank R. Scott, Jean Royer, Fernand Dumont, Gilles Carle, Victor Lévy-Beaulieu et combien d'autres.

Le projet de pays et d'indépendance du Québec, si cher à Miron, n'a pas semblé rejoindre la génération de poètes qui a suivi celle de l'auteur de «L'homme rapaillé». À partir du moment où ce projet a été porté par les politiciens, les nouveaux poètes se sont sentis moins concernés, selon Nepveu; ils seraient passés à autre chose.

Lire «Gaston Miron : La vie d'un homme» fut , pour moi, partir à la découverte d'un personnage important de la littérature québécoise, non seulement en raison de ses écrits, mais aussi de sa contribution à l'édition et la promotion de la littérature québécoise. On y retrouve d'ailleurs une bonne partie de l'histoire de la maison d'édition l'Hexagone.

La biographie de Miron m'a aussi permis de connaître un autre auteur : Pierre Nepveu. Il écrit admirablement bien au point de susciter l'envie d'arriver à le faire aussi bien que lui. La qualité de la rédaction de son ouvrage sur Miron donne le goût de lire son oeuvre de romancier et de poète.

4 janv. 2012

«Le frère André - L'histoire de l'obscur portier qui allait accomplir des miracles» de Micheline Lachance

Micheline Lachance nous présente dans un langage clair et accessible un personnage mythique du Québec : le frère André. Au même titre que Maurice Richard et Louis Cyr, Alfred Bessette fait partie des personnages légendaires du Québec. Loin de s'illustrer par ses exploits sportifs comme les deux autres, le frère André était un guérisseur reconnu comme thaumaturge.

Mme Lachance écrit ceci : «Je savais peu de choses de sa vie, si ce n'est qu'il avait guéri des milliers de gens et qu'on lui devait l'Oratoire Saint-Joseph. Ces guérisons, perçues comme des manifestations surnaturelles, m'intriguaient, mais je voulais surtout comprendre comment un obscur portier, illettré, méprisé par une partie du clergé et tenu pour un charlatan par les médecins, était devenu un bâtisseur de cathédrale vénéré partout sur la planète.» (référence : page 399 de l'édition de 2010 de cette biographie).

L'auteure nous signale aussi les messages que l'on peut tirer de la vie du frère André : des messages de détermination, de ténacité, de courage et d'espoir. «Il n'avait rien en partant. Ni famille, ni santé, ni instruction. Mais il a écouté sa voix intérieure et, envers et contre tout, a réalisé son grand rêve.» (réf. : page 394).

Son approche de rédaction est intéressante. Plutôt que d'y aller de la naissance à la mort de son sujet, elle vient intercaler dans plusieurs chapitres de sa vie en communauté des moments marquants d'étapes antérieures qui l'ont influencé. Les références aux voyages du frère André deviennent des occasions de revenir sur son enfance et ses expériences de jeune adulte.

La lecture de cette biographie nous laisse facilement envahir par l'idée que si un frère André existait aujourd'hui, il pourrait peut-être guérir l'un des nôtres atteint d'une maladie ou de déficiences incurables tenant compte de l'état actuel des connaissances.

En terminant, et je suis un peu gêné de l'admettre, je ne suis pas encore allé visiter l'Oratoire Saint-Joseph de Montréal, même si je suis souvent allé dans cette ville. Ne devrais-je pas songer à y retourner spécifiquement pour aller me recueillir dans ce lieu sûrement plein d'émotions, de recherche de spiritualité ainsi que d'espoirs d'une vie meilleure?