12 oct. 2016

«Molson et le Québec» de Gilles Laporte


Comme vous pouvez bien vous en douter, Molson n’est pas qu’une marque de bière. Il y a beaucoup plus derrière ce nom, et l’historien Gilles Laporte nous le fait découvrir en prenant comme point de départ l’arrivée de John Molson (l’ancien) à Montréal en 1782.

Laporte nous présente la contribution de la famille Molson au monde des affaires et au développement économique du Québec. La bière et le hockey sont loin d’être les seuls domaines où cette famille a laissé son empreinte. Déjà, au temps de John l’ancien, il y a bien eu la brasserie, mais ça ne s’arrête pas là. S’ajoute la construction et l’exploitation de bateaux à vapeur, la construction de chemins de fer, les services bancaires, le théâtre, etc. Les Molson ont d’ailleurs possédé  «…la plus vaste flotte à vapeur en Amérique.» (page 46) durant la première moitié du dix-neuvième siècle. John l’ancien sera aussi «…le plus important actionnaire particulier dans la première compagnie de chemin de fer au Canada.» (page 61). 

Avec le temps, la famille investit dans divers domaines et en délaisse d’autres. Toutefois, la brasserie demeure, en continu, un actif important. Il y a bien eu des moments difficiles, comme la «stratégie de diversification» (page 207) menée à compter des années 1970; l’auteur en vient même à la décrire comme une «dispersion» (page 208) ou un éparpillement des investissements. En outre, l’embauche de Dan O’Neil, comme redresseur de l’entreprise, se rapproche de ce que l’on pourrait appeler un fiasco (chapître 36).

Pourquoi la famille Molson est-elle devenue et demeure-t-elle une dynastie du monde des affaires au Québec, alors que la règle générale veut qu’une entreprise ne survive pas beaucoup plus loin qu’à la troisième génération du fondateur? Discipline, excellence et rigueur sont, selon Laporte, les mots qui résument le mieux «… la dure loi que s’est imposée la famille Molson,…» (pages 153 et 155).


Les Molson ne se préoccupent pas que d’affaires. Ils s’impliquent dans diverses causes, comme la santé, l’éducation, le sport amateur, la culture, etc. Gilles Laporte nous signale d’ailleurs qu’ «Aucune famille, à Montréal, n’a autant contribué à autant de fondations et œuvres de charité que la famille Molson,...» (page 99). Des membres de la famille s’impliquent aussi concrètement dans l’effort de guerre du Canada au cours des deux guerres mondiales de la première moitié du vingtième siècle.

Par ailleurs, voici trois courts passages où il y a vraisemblablement des erreurs qui peuvent laisser planer un doute sur la précision d’autres détails présentés dans le livre. La rivière Moisie serait «…près de Baie-Comeau…» (page 122), alors, qu’à ma connaissance, elle est juste à l’est de Sept-Îles. Roch Bolduc est identifié comme un «…sénateur beauceron…» (page 253), alors qu’il est plutôt originaire de Saint-Raphaël de Bellechasse (concédons que ce n’est tout de même pas très loin de la Beauce). Le sénateur indépendant Hartland Molson aurait défendu, en 1983, la taxe sur les produits et services (la TPS) proposée par les conservateurs (page 254), alors que ce n’est que quelques années après leur élection, en 1984, que la pertinence de cette taxe a pu être discutée au Sénat.


Enfin, bien que ce soit anecdotique, Laporte nous raconte brièvement l’histoire de Charles Chiniquy, prêtre qui prêche de paroisse en paroisse l’abstinence totale de consommation d’alcool, mais qui sera ultimement excommunié au milieu du dix-neuvième siècle, notamment parce qu’il «…se met à coucher avec des admiratrices.» et parce qu’il a été pris à «…outrager l’honneur de jeunes filles.» (page 116).

Référence
Laporte, Gilles. «Molson et le Québec». Les éditions Michel Brûlé, 2009. 264 pages 
http://www.michelbrule.com/livre-1543-Molson-et-le-Quebec-.php