22 juin 2015

«L'Écologie du réel» de Pierre Nepveu

Le sous-titre de cet essai de Pierre Nepveu «Mort et naissance de la littérature québécoise contemporaine» est plus évocateur de son contenu que le titre en soi : «L'Écologie du réel». Nepveu y examine les thèmes de la littérature d'ici au cours du vingtième siècle. Il décrit ainsi son intention : «Il s'agit d'abord d'interroger dans les textes et les œuvres un certain mode d'être de la conscience québécoise et, plus largement, un mode d'être du psychisme et de l'imaginaire contemporains,...» (page 10).

Le chapître trois «L'exil comme métaphore» a particulièrement retenu mon attention après que Jean-Martin Aussant, militant de l'indépendance du Québec, eut fait référence à «...la fin des exils...géographiques ou intellectuels.» lors des funérailles récentes de Jacques Parizeau. Il est intéressant d'y prendre connaissance de toute l'importance de l'exil, aux sens propre et figuré, dans la littérature québécoise. Nepveu en fait une «notion centrale», un «catalyseur» dans «...la naissance de la littérature québécoise moderne.» (pages 46 et 47). L'exil serait ce qui permet de rapprocher Crémazie et Nelligan et d'en faire des «frères jumeaux» qui, des décennies après leur mort, inspireront bien des auteurs de l'époque de la Révolution tranquille. Aussi, la «...métaphore de l'exil nourrira la promesse du pays.», selon Nepveu.

Par ailleurs,  Nepveu nous indique que pour les ««...écrivains de la Révolution tranquille, la littérature «canadienne-française» témoignait...de la réalité... La littérature «québécoise», elle, transforme, ou veut transformer, la réalité.»» (pages 18 et 19). La littérature québécoise se présente ainsi comme une force de «destruction créatrice», selon l'auteur.   C'est probablement une forme de «destruction créatrice» différente à bien des égards de celle décrite par l'économiste J. A. Schumpeter qui lui fait jouer un rôle primordial dans l'évolution de l'économie.

Quant à l'écologie du réel, ce serait en quelque sorte un «...système à la fois conflictuel et organisateur, dans la mesure où la littérature est toujours en définitive une manière de configurer le désordre, d'en assumer les déséquilibres, les anomalies, les terreurs ou les cocasseries, dans une visée symbolique unifiante.» ( page 211).

Référence : Nepveu, Pierre. «L'Écologie du réel. Mort et naissance de la littérature québécoise contemporaine». Les Éditions du Boréal, 1999. 220 pages
http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/ecologie-reel-867.html

P.S. : Pierre Nepveu a aussi écrit une biographie sur le poète Gaston Miron. Voici le lien vers mon commentaire à ce sujet :
http://jailuetvous.blogspot.ca/2012/04/jai-lu-gaston-miron-la-vie-dun-homme.html