6 août 2019

«People, Power, and Profits: Progressive Capitalism for an Age of Discontent» de Joseph E. Stiglitz



Dans ce livre, Stiglitz analyse l’économie et la politique américaines. Il critique aussi les orientations économiques retenues depuis le début des années 1980,  leur faisant porter l’odieux de la détérioration de la qualité de vie dans son pays. Il va cependant plus loin en proposant des réformes visant à améliorer le bien-être de ses concitoyens.

Lire ce livre constitue un bon exercice de révision de bien des notions de base en économie. Le lecteur appréciera l’approche pédagogique de l’auteur dans l’explication du fonctionnement de l’économie. Les exemples abondent d’ailleurs pour venir appuyer les concepts présentés dans plusieurs chapitres.

Les inégalités économiques croissantes continuent d’être au centre des préoccupations de ce Nobel d’économie. Il nous confie que ce sujet l’amena dans sa jeunesse à choisir l’étude de l’économie plutôt que celle de la physique théorique.

Son diagnostic de l’économie américaine porte en particulier sur la financiarisation excessive, la gestion déficiente de la mondialisation, l’abus des positions dominantes de marché et, en corollaire, le manque de concurrence, les lacunes dans le passage d’une économie centrée sur la fabrication à une économie de services, l’insuffisance de l’investissement dans les personnes, les infrastructures et la technologie, ainsi que la confiance exagérée dans la capacité des marchés à solutionner tous les problèmes. Il s’inquiète aussi des dérives de la démocratie américaine où l’argent prend une importance et une influence démesurées.


Stiglitz examine aussi les sources de la prospérité que ce soit l’éducation, les progrès en matière de science et de technologie, la règle du droit, l’équilibre des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire, etc.

Son diagnostic et son examen des fondements de la prospérité l’amènent à proposer un agenda de réformes propres à améliorer le bien-être des Américains. Il préconise de conjuguer les efforts du marché et du gouvernement, et non pas de les opposer l’un à l’autre. Une meilleure organisation de la société et des institutions démocratiques est aussi incluse dans son agenda. À peu près tout y passe en matière de protection et de justice sociales : l’assurance-chômage, le financement de l’éducation et de l’aide aux étudiants, le revenu minimum garanti, une fiscalité progressive, l’assurance-santé, incluant les médicaments, la sécurité de la vieillesse, l’accès à la propriété résidentielle, etc.

Son analyse n’est cependant pas sans failles, notamment lorsqu’il compare les succès sur le plan de la croissance de l’économie américaine dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale avec les résultats moins enviables au cours des plus récentes. S’il est vrai que la croissance et la prospérité ont été plus marquées dans la première période, Stiglitz néglige cependant de préciser que les États-Unis profitent alors de l’absence de concurrence des autres économies en reconstruction de leur base industrielle détruite au cours de la guerre. D’ailleurs, les industriels américains profitent de ces efforts de reconstruction à l’étranger, efforts financés pour un bonne part par les États-Unis.

Le lecteur peut aussi avoir l’impression que l’auteur se fait quelque peu le chantre du bon vieux temps ou de l’époque de sa jeunesse. Pourtant, les problèmes économiques et sociaux abondaient aussi en ces temps. Une mise en perspective mieux dosée aurait été souhaitable, bien que l’on puisse comprendre son désir de retrouver une Amérique plus prospère et plus équilibrée dans la répartition de la richesse. «Make America Great Again» pourrait bien être le slogan de son agenda progressiste pour son pays, mais un autre personnage s’en sert déjà à profusion, sans pour autant, bien entendu, retenir les mêmes  objectifs et orientations que Stiglitz.

En outre, son agenda de réformes gagnerait en crédibilité et en adhésion s’il n’en faisait pas une proposition explicite de programme pour les Démocrates : «I have outlined a platform that I believe can serve as a consensus for a renewed Democratic Party.» (page 242). Il confère ainsi une dimension partisane à ses propositions. Les Républicains, qu’il critique abondamment dans son livre, ne risquent pas d’aller s’en inspirer, ne serait-ce qu’un tant soit peu, dans un tel contexte.

Enfin, Stiglitz n’en fait pas mention, mais maintes exemples de ce qu’il propose existent ailleurs, notamment au Canada et en particulier au Québec, que ce soit sur le plan de l’assurance-maladie, de l’assurance-médicaments, du financement des partis politiques, de l’aide financière aux études, de la fiscalité comme outil pour atténuer les inégalités et appuyer la classe moyenne, etc. Il n’y a pas de mal à puiser des exemples au Nord des États-Unis. «We the North»* avons des idées et des expériences utiles.

La phrase finale de cette oeuvre, «It is not too late to save capitalism from itself.» (page 245), résume bien en un sens l'intention des réformes proposées par Stiglitz.


* Leitmotiv des Raptors de Toronto qui a rallié l’ensemble du Canada au printemps dernier lors de la finale de la National Basketball Association.






Stiglitz, Joseph E. «People, Power, and Profits: ProgressiveCapitalism for an Age of Discontent». W. W. Norton & Company, 2019. 371 pages en incluant les notes et l’index.

Mise à jour du 30 septembre 2019 : ce livre de Stiglitz est maintenant disponible en français aux éditions «Les liens qui libèrent».

9 mai 2019

«Un selfie avec Justin Trudeau - Regard critique sur la diplomatie du premier ministre» de Jocelyn Coulon

Le sous-titre aurait pu être le titre de ce livre, puisqu'il s'agit bien d'un examen critique de la diplomatie canadienne depuis l'arrivée au pouvoir de l'équipe libérale de Justin Trudeau. Jocelyn Coulon y met en évidence l'absence de véritable politique étrangère du gouvernement Trudeau, malgré les efforts louables à l'origine du ministre des Affaires mondiales, Stéphane Dion, «congédié» par le Premier ministre en janvier 2017. On sent bien dans ce livre tout le respect de Coulon à l'égard de Dion.

Coulon compare la stratégie d'affaires internationales de ce gouvernement à celle des précédents. Il affirme que l'approche actuelle fait fi de l'héritage des gouvernements canadiens d'avant 2006, contrairement à ce que laissait présager le programme des libéraux au cours de la campagne électorale de 2015. Son diagnostic est clair et sans retenue : «...la politique du gouvernement libéral ne crée pas une rupture avec les conservateurs mais bien une continuité.» Les décisions en matière de relations internationales sont prises en considérant, d'abord et avant tout, les bénéfices électoraux auprès de groupes ciblés sans suffisamment tenir compte des intérêts du Canada dans son ensemble.

L'auteur écrit, entre autres, que «...si le rapprochement avec la Chine produit les résultats escomptés...ce sera le plus grand succès de politique étrangère de Justin Trudeau.» (page 211). Ce passage a été écrit il y a plus d'un an. Tenant compte des événements depuis dans les relations Canada-Chine, il le réviserait sûrement aujourd'hui.

Deux phrases résument bien l'évaluation que fait Jocelyn Coulon du Premier ministre :

«À force d'être prisonnier des images, on finit par oublier les idées.» (p. 13)

«... ce n'est pas en répétant des slogans sur les bienfaits du statu quo et en restant passif devant le monde que le Canada se rendra essentiel.» (p. 235) 





Coulon, Jocelyn. «Un selfie avec Justin Trudeau - Regard critique sur la diplomatie du premier ministre». Éditions Québec Amérique, 2018. 238 pages


7 avr. 2019

«La France impériale et la Nouvelle-France – Un regard neuf sur 1759» de Michel Brunet


À l’origine, Michel Brunet cherche à élucider la signification de la défaite française à la bataille des Plaines d’Abraham à Québec en 1759.  Ses recherches et ses analyses l’amènent à considérer cette défaite comme l’aboutissement normal de décisions inappropriées et d’un manque de volonté des dirigeants de la métropole française de se doter d’une stratégie cohérente pour assurer le développement de leur colonie en Amérique du Nord.

Pour nous aider à bien saisir les enjeux et l’inefficacité de la colonisation française, Brunet compare les efforts de Versailles en Amérique à ceux de Londres, Madrid et Lisbonne. Tant sur les plans politique, économique, commercial et militaire, la métropole française est nettement déclassée par ses concurrentes. L’idée que «…la Nouvelle-France sera une petite colonie sur un grand territoire.» (p.48) ressort bien dans ce livre. L’auteur souligne que «… le Roi-Soleil continuera de vouloir le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire un empire continental sans peuplement ni développement économique…» (p. 50)

Vers 1750, la Nouvelle-France apparaissait d’ailleurs «…sous-peuplée, géographiquement surdimensionnée, économiquement très dépendante du commerce des fourrures et militarisée au point que la première source de capitaux dans la colonie était le budget militaire du gouvernement colonial.» (p. 153) Brunet fait aussi état de «…la situation déplorable du peuple canadien avant même que ne commence le Régime anglais.» (p.227) Il ajoute que le manque d’intérêt et de vision de la métropole et de ses représentants «…mettait régulièrement la survie de la colonie en péril» (p. 162) Jacques Lacoursière, dans le tome 1 de son «Histoire populaire du Québec», nous avait déjà, lui aussi, sensibilisés à la situation déplorable de la colonie dans les années précédant 1759.

Lors des négociations du Traité de Paris, la France a-t-elle, un tant soi peu, tenté de récupérer le Canada? Brunet, avec sources à l’appui, indique que la France «…offrit le Canada à l’Angleterre dès le début des négociations.» et que «…Versailles est tout à fait disposé à échanger le Canada – et ses habitants – contre un accès à la morue au large de Terre-Neuve.» (p. 222) Sur le plan économique, en 1763, «La morue a été préférée au castor.» (p. 108) Brunet ajoute que, en apposant sa signature au Traité de Paris de 1763, «…la métropole mettait ainsi fin à sa désastreuse incursion coloniale en Amérique.» (p. 19)

Par ailleurs, le peuplement «chroniquement insuffisant» de la colonie amènera la métropole à créer des alliances avec les autochtones pour tenter d’assurer son emprise sur le territoire. Cette aptitude a maintes fois été soulignée. Toutefois, ce que l’on sait moins,  c’est que lorsque ceux-ci s’objectaient aux volontés françaises, la conséquence pouvait être abominable, comme en témoigne l’extermination des nations Renards et Natchez (pp. 100 et 122), deux nations qui n’avaient vraisemblablement  pas les capacités des Iroquois de résister à l’envahisseur européen. La destruction du village de la nation Miami constitue un autre exemple de la «détermination de la France» (p. 198) à imposer ses volontés expansionnistes sur le territoire lorsqu’il y avait de la résistance chez les Amérindiens. La France rejoignait ainsi les autres colonisateurs et les marchands d’esclaves au palmarès de l’horreur des nations dites civilisées.

Si la défaite de 1759 signifie la chute de Québec, «…la réalité est que la Nouvelle-France fut perdue à Versailles avant, pendant et surtout après 1759-1760.» (p. 167) Brunet ajoute «…en 1763, exactement 155 ans après la fondation  de Québec, les Canadiens furent brutalement contraints à entreprendre la difficile tâche d’assumer seuls leur destin d’Amérique.» (p. 168)

D’abord négligés et même, bien des fois, abusés par la mère-patrie, et, ensuite, conquis et dominés par la Grande-Bretagne, nos ancêtres canadiens nous ont légué un exemple de survivance, de résilience et de courage dans un contexte particulièrement difficile. C’est grâce à eux qu’une présence française a pu persister et se développer ici, malgré les épreuves et le peu d’intérêt de la métropole française pour sa colonie d’Amérique du Nord.

En préface au livre de Michel Brunet, Louis Balthazar se demande pourquoi les Français n’ont pas «… songé un seul instant faire payer leur soutien à la Révolution américaine par une reprise du territoire canadien.» (p. 11) L’abandon, mot souvent utilisé par Brunet, prend alors toute sa signification.  En se basant sur le contenu du livre de Brunet, Balthazar écrit aussi que «…la monarchie française n’a jamais voulu s’engager sérieusement dans l’établissement et le maintien d’une forte présence en Amérique. Elle ne s’en est jamais donné les moyens.» (p. 9)  

P.S. 1 : Je suggère aux lecteurs de lire les notes à la page 245 concernant Louisbourg; ce site, au Cap Breton, n’avait rien d’une forteresse, contrairement à ce que l’on peut penser.


P.S. 2 : Au début des années 1760, la France a cédé la Louisiane à l’Espagne. Si vous savez quand elle est revenue à la France, pour être ensuite vendue aux États-Unis au début du dix-neuvième siècle, laissez-le-moi savoir, s’il-vous-plaît. Mise à jour du 4 juin 2019 : La France avait cédé la Louisiane occidentale (à l'ouest du Mississippi) à l'Espagne en 1762. La Louisiane orientale (à l'est du Mississippi) a été cédée à la Grande-Bretagne en 1763. En 1783, la Louisiane orientale est devenue propriété des États-Unis (Traité de Paris de 1783). En 1800, la Louisiane occidentale a été rétrocédée à la France par l'Espagne; et, la France l'a vendue aux États-Unis en 1804.









Brunet, Michel. «La France impériale et la Nouvelle-France - Un regard neuf sur 1759». Éditions Pierre Tisseyre, 2017. 310 pages.

6 févr. 2019

«Le miracle Spinoza – Une philosophie pour éclairer notre vie» de Frédéric Lenoir



Baruch Spinoza est un philosophe qui a vécu en Europe, aux Pays-Bas, au dix-septième siècle. Selon Frédéric Lenoir, sa pensée «… constitue une véritable révolution politique, religieuse, anthropologique, psychologique et morale.» (page 13).

Il sera banni de la communauté juive en raison de ses prises de position. Ses oeuvres seront d’ailleurs «condamnées par toutes les religions» (p. 14), ce qui rend particulièrement attrayant d’aller à la découverte de son raisonnement. Lenoir souligne que «Spinoza critique toutes les religions lorsqu’elles activent les passions tristes des individus…lorsqu’elles se détournent de leur unique vocation – favoriser le développement de la justice et de la charité…» (p. 90).

Les passages du livre portant sur les prophètes (pp. 62 à 64) m’ont particulièrement intéressé, dont ceux-ci :

«C’est par le biais de l’imagination, et non de l’esprit, que s’exprime le don de prophétie.» (p. 62).

«Bref, le discours prophétique ne doit jamais être pris à la lettre, mais toujours interprété, relativisé, précisément parce qu’il est relatif à l’imagination, au tempérament, aux opinions et au mode de vie du prophète.» (p. 64)

Lenoir signale que Spinoza a négligé les dimensions du «cœur» et «identitaires» de la religion qui conduisent des croyants «à des sommets d’humanité» (pp. 98 et 99) et à des liens émotionnels favorisant le développement  de valeurs familiales et communautaires.

Par ailleurs, il indique que «Spinoza est le père de notre modernité politique.» Il serait aussi «… le premier théoricien de la séparation des pouvoirs politiques et religieux et le premier penseur moderne de nos démocraties libérales.» (p. 109)

Lenoir le présente aussi comme le «maître de la sagesse», «un guide vers la joie» qui conduit à «une vie bonne et heureuse» (pp. 122,123). En outre, le Spinoza de Lenoir fait valoir que le «moteur du changement» chez l’humain, «c’est le désir» (p. 164). «Il ne faut pas diminuer ou supprimer le désir, mais l’orienter par la raison.» (p. 167), car, «La gestion du désir, sa réorientation, deviennent la clé du bonheur et de l’épanouissement.» (p. 170) 

Lenoir n’a découvert Spinoza qu’en 2012, et «ce fut un coup de foudre» (p. 10). Il l’«aime profondément» (p. 203). Tout comme lui, il «recherche la vérité et la sagesse» (p. 208). Il adhère au spinozisme tout en étant, toutefois, en mesure d’en identifier les travers. Il est d’ailleurs en désaccord avec le philosophe sur «…sa conception de la femme et sa vision des animaux.» (p. 204) ainsi que sur son «rationalisme absolu» (p. 206)

C’est grâce à l’émission Second Regard à Ici Radio-Canada Télé que j’ai pu découvrir le tandem de philosophes Spinoza-Lenoir.










Lenoir, Frédéric. «Le miracle Spinoza – Une philosophie pour éclairer notre vie». Fayard, 2017. 221 pages.

24 janv. 2019

«La révolution dans l'ordre - Une histoire du duplessisme» de Jonathan Livernois



La Révolution dans l’ordre : il y a dans ces mots une contradiction, mais ce sont ceux retenus par Daniel Johnson, en 1952, pour décrire ce qui se passait au Québec sous le règne de l’Union nationale et de son chef Maurice Duplessis (page 110). C’est une façon de dire que les choses changeaient graduellement, sans bouleversement, en laissant l’impression que, fondamentalement, rien n’est altéré.

Jonathan Livernois n’a pas connu le duplessisme puisqu’il est né en 1982. Il a cependant lu presque tout ce qui s’est écrit sur Duplessis et son temps. Cela se perçoit bien dans les nombreuses références qu’il cite et dans le choix des propos qu’il relate.

Duplessis est présenté dans ce livre comme «…un nationaliste tout en étant fédéraliste…, un conservateur social, prônant le libéralisme économique, capable de mesures sociales quand il n’a plus guère le choix.» (p. 108).

Le patronage, lui et son parti en ont fait grand usage, mais ils ne l’ont pas pour autant inventé, loin de là. Ils innovent toutefois en faisant un marketing politique efficace. Patronage et marketing feront de l’Union nationale une «machine infernale» aux dires de Jean Lesage (p. 11).

Duplessis et son parti n’ont pas été qu’une machine électorale et à retardement de l’évolution du Québec. Au gouvernement, ils ont été à l’origine de changements importants, comme :
·         le crédit agricole,
·         l’électrification rurale et les travaux de drainage des terres,
·         la création du ministère de la Santé à «…une époque où le développement de l’hygiène publique est une question brûlante…» (p. 64)
·         la loi sur les salaires raisonnables,
·         les pensions de vieillesse, les allocations aux mères nécessiteuses et aux aveugles,
·         l’impôt provincial sur le revenu des particuliers,
·         les écoles techniques ou de métier.

Les dépenses en infrastructures et en écoles ont aussi été importantes. La municipalité de Price, d’où je suis originaire, a eu deux nouvelles écoles et un nouveau pont à l’époque de Duplessis. L’une des deux écoles portait le nom d’Onésime Gagnon, député du comté de Matane et membre du Conseil des ministres. Et cet exemple est loin d’être un cas isolé. Question de pont, la lecture de ce livre m’a permis de corriger une perception erronée. Je croyais que c’était le pont Laviolette qui s’était effondré en 1951, mais c’était le pont Duplessis entre Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine (p. 128 et 129).[1]

J’avais gardé l’impression que les intellectuels étaient presque toujours opposés à Duplessis. C’était probablement le cas à partir du milieu des années 1950. Avant, l’auteur nous permet de revisiter cette idée en mentionnant plusieurs exemples d’appuis que le gouvernement de l’époque recevait dans cette communauté, dont celui du journal Le Devoir jusqu’en 1952 (p. 154) et celui du poète Gaston Miron de 1947 à 1954 (p. 205).

Quant à l’acharnement de Duplessis sur les Témoins de Jéhovah, il n’était pas unique, le gouvernement fédéral les ayant interdits en 1940 (p. 193). Quant au crucifix, fait-il vraiment partie du patrimoine associé à nos institutions démocratiques? Livernois nous rappelle que ce n’est qu’en 1936 qu’il fut installé «…au-dessus du fauteuil de l’Orateur…» (p. 60).

L’Union nationale a survécu un certain temps à son créateur reprenant même la gouverne du Québec de 1966 à 1970 et poursuivant, à la surprise générale, la Révolution tranquille amorcée par les libéraux de Jean Lesage. Le parti dirigé par Daniel Johnson prônait même, en 1965, la «…gratuité scolaire à tous les niveaux…» (p. 226), promesse qui a été reprise à l’élection de 2018 par nul autre que… Québec Solidaire.

En lisant ce livre, les gens de plus de soixante-cinq ans se remémoreront bien des souvenirs. Les plus jeunes en apprendront sur les façons de faire de la politique au Québec durant les décennies précédant la Révolution tranquille.



[1] Le pont Laviolette n’a été construit que dans les années 1960. Il enjambe le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Trois-Rivières et de Bécancour. Sa construction a été marquée par un accident. Un caisson a cédé en raison de la pression de l'eau et douze travailleurs ont alors perdu la vie, selon l'information disponible sur Wikipédia.








Livernois, Jonathan. «La révolution dans l’ordre –Une histoire du duplessisme». Les Éditions du Boréal, 2018. 248 pages.

24 oct. 2018

«Clashing over Commerce – A History of US Trade Policy» de Douglas A. Irwin



Le livre de ce professeur d’économie nous plonge dans l’histoire politique et économique des États-Unis du point de vue de la politique commerciale. Ce sujet a suscité et suscite encore la controverse. Il y a cependant eu continuité sur de longues périodes quant aux orientations de cette politique. Irwin indique d’ailleurs que le système politique américain rend difficile de changer le statu quo.

D’où vient la controverse? Elle provient des intérêts divergents et changeants, selon les industries, les régions et les moments. Elle met en évidence la difficulté d’atteindre un équilibre lorsque s’affrontent, sur le terrain politique, les industries qui tirent profit des exportations et celles affectées par la concurrence des importations.

Sur le plan politique, il y a eu mouvance et virage dans le temps. Les Démocrates sont passés de favorables à la libéralisation des échanges à protectionnistes, alors que chez les Républicains ce fut l’inverse[1]. Irwin nous indique que les positions respectives des uns et des autres ne tiennent pas en soi de positions idéologiques; elles sont plutôt le reflet d’intérêts spécifiques à partir desquels sont générés des principes. D’ailleurs, selon les besoins particuliers de leurs électeurs et des industries locales, des Démocrates et des Républicains ne se gênent pas pour prendre des positions allant à l’inverse du courant dominant de leur parti respectif.

Une histoire en trois temps

Irwin divise en trois périodes l’histoire de la politique commerciale américaine. Il résume chacune d’elles en un mot : revenu, restriction et réciprocité.

De l’indépendance jusqu’à 1860, la priorité est de générer des revenus pour les besoins de l’administration du gouvernement fédéral en imposant des droits de douane sur les importations : 90 % des revenus du gouvernement proviennent alors des tarifs prélevés à la frontière. Dans les débats, le Sud, principalement exportateur de produits agricoles, veut que le tarif se limite aux besoins financiers, alors que le Nord qui s’industrialise, y ajoute la protection de la production des importations. En conséquence, les tarifs varient dans le temps selon le point de vue qui prédomine au Congrès.

La Guerre de Sécession sera l’événement qui marquera le passage de la première à la deuxième périodes. Les droits de douane constituent alors encore une source importante des revenus fédéraux, du moins jusqu’en 1913, mais la priorité va à la restriction de l’accès des produits étrangers au territoire américain pour protéger certaines industries de la concurrence internationale. Le tarif moyen sur les importations imposables passe de moins de 20 % en 1859 à environ 50 % durant la guerre civile et les décennies suivantes. Cette période atteindra son apogée avec l’adoption du Tariff Act de 1930. Quel rôle cette législation a-t-elle joué pour transformer une récession en grande dépression? Irwin a examiné plusieurs études publiées sur ce sujet. Selon lui, le consensus chez la plupart des économistes est qu’elle a eu relativement peu d’effet comparativement aux forces déflationnistes engendrées par le système monétaire et financier.

Le début de la troisième période marque une rupture majeure par rapport à la deuxième. L’accent est mis sur la réciprocité.  La priorité va à la négociation d’ententes sur la réduction des obstacles au commerce pour accroître les exportations américaines. Les politiciens et le public associent, à l’époque, droits de douane élevés et dépression économique, ce qui vient faciliter le passage de la restriction à la réciprocité.

Amorcée en 1934, la réciprocité est partie intégrante du New Deal de l’administration Roosevelt. Parmi les succès de cette période pour les États-Unis et leurs partenaires commerciaux, signalons l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, le GATT de 1947, et la création en 1995 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). On a cru maintes fois, mais prématurément, à la fin de cette période. À titre d’exemple, les années 1980 ont été l’une des périodes les plus difficiles de l’histoire de la politique commerciale des États-Unis, selon Irwin.  L’intensification de la concurrence étrangère a entrainé une augmentation des pressions pour obtenir des restrictions des importations. Elles se sont manifestées par l’imposition notamment de restrictions dites volontaires à l’exportation et de droits compensateurs et antidumping. Néanmoins, dans l’ensemble, la réciprocité a tenu : des négociations multilatérales et bilatérales, débutées au milieu de cette décennie, ont mené à des accords importants de libéralisation des échanges.

Irwin nous signale aussi des changements intéressants dans le langage. Dans les années suivant le début de la réciprocité, il est question «d’accords commerciaux» portant sur la réduction des droits de douane. L’expression «accords de libre-échange» prend le relai à compter des années 1980, probablement parce que la libéralisation des échanges y est plus prononcée et étendue qu’auparavant. Au début des années 2010, en raison de la perception de plus en plus négative de «libre-échange», «partenariat» s’y substitue. Ajoutons qu’en 2018, le mot «accord» semble suffire pour désigner le projet issu de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

La réciprocité est mise à mal aujourd’hui par l’administration Trump. S’agit-il d’une pause, d’un retour en arrière ou d’un changement de direction qui constituerait le début d’une quatrième période? Irwin considère qu’il est trop tôt pour le dire. Quel sera l’événement majeur qui mettra fin à la réciprocité? Il est difficile de l’anticiper selon cet auteur. Il s’en tient à son rôle d’historien, laissant à d’autres celui de devin.

Quant aux économistes, Irwin rappelle qu’ils sont reconnus pour mettre en évidence les gains associés au libre-échange et les coûts des restrictions commerciales. Ils n’ont pas eu, selon lui, une grande influence sur les décisions de politique commerciale. Depuis la Grande Dépression, leur participation aux débats sur les politiques économiques a pu, à tout le moins, avoir un certain impact en amenant les politiciens à réfléchir avant d’endosser des mesures protectionnistes.

Le Canada dans cette histoire

Le Canada fut l’un des rares pays avec qui les États-Unis ont mis en œuvre un traité de réciprocité commerciale au dix-neuvième siècle. Ce traité a été en vigueur de 1855 à 1866. Ce sont des droits de pêche concédés par les Britanniques[2] qui incitèrent les Américains à accepter cet accord, et non pas des intérêts commerciaux. Le Canada a tenté, à plusieurs reprises, après 1866, de ressusciter ce traité, mais sans succès.

Des négociations ont mené à une entente de réciprocité commerciale en 1911. Cette entente est devenue un enjeu important des élections fédérales[3] au Canada. La défaite du gouvernement de Wilfrid Laurier en a sonné le glas.

Au début de la période de réciprocité, le Canada est l’un des premiers pays avec qui les États-Unis signent des accords commerciaux, l’un en 1935, l’autre en 1938. Ils portent sur la réduction des droits de douane.

Le Canada a été touché de plein fouet par la recrudescence du protectionnisme américain dans les années 1980. Les différends commerciaux ont augmenté, notamment ceux en matière de subvention et de dumping[4]. Cela a suscité des craintes quant à la sécurité d’accès de ses exportations à son principal marché étranger. Il en est venu à proposer aux États-Unis un accord de libre-échange pour à la fois maintenir et améliorer l’accès à ce marché. Irwin captive le lecteur par le récit de l’avènement, en octobre 1987, du compromis[5] sur l’épineux problème des recours commerciaux qui allait permettre à l’Accord de libre-échange (ALÉ) de voir le jour en 1989.  L’ALÉNA s’y juxtaposera lorsque viendra le temps d’élargir au Mexique la zone de libre-échange. Le courage politique du président Clinton est mis en évidence quand Irwin raconte qu’il est allé de l’avant pour obtenir, en 1993, la ratification par le Congrès de l’accord trilatéral, même si une majorité de Démocrates s’y opposait.[6] Tant l’ALÉ que l’ALÉNA contribueront  au passage, sur le plan multilatéral, du GATT aux Accords de l’OMC.

En conclusion, Irwin nous livre une histoire riche en faits et analyses. Son esprit de synthèse se manifeste dans la rédaction de son introduction et de sa conclusion. Un livre à lire pour qui veut mieux comprendre le contexte actuel, même si celui-ci tient, à certains égards, de l’inédit. II est impossible dans un commentaire de lecture de relater tous les faits et nuances présentés en près de 700 pages, mais j’en ai dégusté chaque passage.



[1] Après la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’au début des années 1970, il y a eu, exceptionnellement, un consensus politique en faveur des accords commerciaux.
[2] À l’époque, c’est le Royaume-Uni qui négocie et conclut les accords internationaux pour ses colonies.
[3] Irwin écrit à la page 329 qu’un «referendum» scella le sort de cette entente, mais c’est bel et bien une élection.
[4] Je n’ai pas vu dans ce livre la moindre allusion au différend sur le bois d’œuvre. Et pourtant, s’il y en a un qui marque les relations commerciales canado-américaines depuis les années 1980, c’est bien celui-là.
[5] Il s’agit du mécanisme de règlement des différends du chapitre 19 de l’ALÉ et de l’ALÉNA.
[6] Rappelons que le Sénat et la Chambre des Représentants étaient à majorité démocrate. Une minorité de Démocrates et une majorité de Républicains ont permis à la loi de mise en œuvre d’être adoptée. 










https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/C/bo24475328.html

7 sept. 2018

Mise en perspective sur la procédure de règlement des différends du chapitre 19 de l’ALÉNA


Dans le cadre de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), l’Administration américaine veut se débarrasser du mécanisme de règlement des différends en matière de droits compensateurs et antidumping   (chapitre 19), alors que le Canada semble y tenir mordicus. Il s’agit là d’un enjeu important des pourparlers canado-américains, alors que, de son côté, le Mexique aurait lancé la serviette à ce sujet.

Un peu d’histoire

Le chapitre 19 est avant tout un compromis. À l’origine, le Canada cherchait à obtenir, dans le cadre de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (ALÉ), un nouveau régime pour remplacer les recours commerciaux existants en matière de subvention et de dumping dans les échanges entre les deux pays. L’objectif était, dans la mesure du possible, de mettre les entreprises canadiennes à l’abri du harcèlement dont elles faisaient l’objet dans leurs efforts de positionnement sur le marché américain.

Ne pouvant s’entendre à court terme sur un nouveau régime commercial, en raison en particulier de la complexité du sujet, les deux pays ont convenu d’établir, sur une base temporaire, un mécanisme bilatéral de règlement des différends et de se donner du temps (sept ans à compter de l’entrée en vigueur de l’accord bilatéral) pour convenir de nouvelles règles en matière de subventions et de dumping. Ce compromis, obtenu à l’arraché au début d’octobre 1987, est venu sauver le projet d’accord bilatéral de libre-échange.

Au moment de la négociation de l’ALÉNA, il n’y a pas eu de progrès sur la question des nouvelles règles. Il a alors été convenu de pérenniser le mécanisme de règlement des différends et de tenir des consultations, sans échéance précise, en vue d’en venir à un nouvel ensemble de règles. En 1993, sans pour autant modifier l’ALÉNA, le nouveau gouvernement canadien a obtenu un engagement d’échéancier pour conclure les consultations prévues au chapitre 19, engagement qui n’a pas eu toutefois de suite concrète.

Par le détour des négociations commerciales multilatérales du Cycle d’Uruguay (1986-1994), il y a tout de même eu, dans une perspective canadienne, des progrès non négligeables qui ont mené à des changements aux législations internes sur les recours commerciaux, notamment en matière de subventions. À titre d’exemple, elles ont été modifiées pour tenir compte des dispositions de l’article 8 de l’Accord sur les subventions et les mesures compensatoires, l’un des Accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cet article est venu, à certaines conditions, exempter de mesures compensatoires l’aide octroyée à des activités de recherche, aux régions défavorisées et à l’adaptation d’installations existantes à de nouvelles normes environnementales.

Pour revenir au processus de règlement des différends du chapitre 19, l’examen par des groupes d’experts des décisions nationales en matière de subventions et de dumping a été utile dans bien des dossiers. Par exemple, peu de temps après l’entrée en vigueur de l’ALÉ, le droit compensateur américain sur les exportations canadiennes de viande de porc a été annulé à la suite de la révision par un groupe d’experts de la décision de menace de préjudice de l’International Trade Commission. En revanche, les succès devant de tels groupes dans le différend sur le bois d’œuvre n’ont pas pour autant mis un point final à ce litige, dont les origines remontent aux années 1980.

Des interrogations sur ce qui s’en vient

La renégociation de l’ALÉNA va-t-elle permettre au Canada de réaliser son rêve d’un nouveau régime commercial qui rendrait caduc le mécanisme de règlement des différends du chapitre 19? On peut en douter en raison notamment des objections que pourrait susciter aux États-Unis un tel régime d’exception. Il ferait, immanquablement, l’objet de revendications de la part de nombreux autres partenaires commerciaux ayant des accords ou étant en négociation actuellement avec ce pays. Aussi, bien des industries américaines n’accepteraient pas une diminution de leur arsenal pour attaquer leurs concurrents étrangers.

Des modifications à la procédure du chapitre 19, proposées au cours des derniers mois par des spécialistes, seront-elles suffisantes pour amener l’Administration américaine à laisser tomber son  opposition à son renouvellement? En voici des exemples : uniquement des avocats ou des juges à la retraite pourraient être membres des groupes de révision; plus d’égards que présentement pourraient être donnés aux façons de faire des instances nationales qui  examinent en appel les décisions de subventionnement et de dumping. Certains sont allés jusqu’à proposer d’inclure à l’actuel chapitre 20 sur les dispositions institutionnelles l’essentiel des procédures des chapitres 19 et 11 (règlement des différends entre États et investisseurs) afin d’atténuer la stigmatisation dont ils font l’objet.


Par ailleurs, l’utilisation récente et de plus en plus répandue de la section 232 sur la sécurité nationale de la législation commerciale américaine pour assommer la concurrence étrangère ne risque-t-elle pas de rendre désuet ou largement inopérant le processus  de règlement des différends du chapitre 19? En effet, nul besoin de faire la preuve de subventionnement ou de dumping et la preuve de dommage à l’industrie en utilisant cette section où l’Administration dispose d’une grande marge de manœuvre; par conséquent, aucune base pour recourir à des groupes d’experts. L’arbitraire à son meilleur!

16 juin 2018

«Demolition man» The Economist

Voilà un titre judicieux pour coiffer un éditorial  de The Economist sur la politique étrangère du président des États-Unis, Donald Trump. Je retiens ici une phrase, même si tout le texte est à lire : «America First today; in the long run America Alone.»

Source : The Economist. «Demolition man». Édition du 9 juin 2018, page 11.

26 avr. 2018

«Le Beau Livre de la Terre – De la formation du système solaire à nos jours » de Patrick De Wever avec la collaboration de Jean-François Buoncristiani


Ce livre porte bien son titre. En effet, quel beau livre! Deux cents pages de textes et tout autant d’images qui nous instruisent sur l’évolution de la terre sur près de 4,6 milliards d’années.

Au dix-septième siècle, les autorités catholiques croient et imposent l’assertion que notre planète a été créée il y a six mille ans (page 304). Au dix-huitième siècle, le comte de Buffon ose avancer qu’elle a au moins vingt-cinq mille ans. Il en vient même à calculer un jour qu’elle a plus de dix millions d’années (page 314). Plus tard, d’autres ajoutent des centaines de millions d’années (page 348), non sans susciter la controverse.

Ce n’est toutefois qu’au vingtième siècle que l’âge de la terre est établi avec une certaine précision, car «La découverte de la radioactivité ouvre la voie à un âge chiffré des roches» (page 350).

Croyez-vous à l’enfer? Et bien, Wever raconte qu’il a bel et bien existé sur terre durant son premier demi-millénaire. D’ailleurs, le nom donné à cette période par les spécialistes, l’hadéen, provient du nom du maître des enfers, Hadès, dans la mythologie grecque (page 5).

Que retrouve-t-on aussi dans cet excellent livre de référence?

Voici quelques exemples de sujets :

L’origine de la lune,

L’apparition progressive et l’évolution du vivant,

Les cinq crises majeures de la biodiversité où disparaissent des espèces, notamment au cours de la troisième où, il y a 252 millions d’années, 70 % des espèces s’éteignent sur les continents et 95 % des espèces dans les océans,

Les périodes glaciaires et interglaciaires (les gens qui n’aiment pas l’hiver sont quelque peu sceptiques quand on leur indique que depuis près de 12 000 ans nous vivons un temps interglaciaire, donc nettement moins froid que les longues glaciations),

L’évolution des continents et des océans,

Les changements suscités par la chute des météores,

L’importance des éruptions volcaniques pour connaître l’intérieur de la terre ainsi que la vie au moment où elles se produisent par l’examen des vestiges figés à jamais par les laves,

L’histoire de la terre racontée par l’analyse des roches et de leurs minéraux ainsi que des fossiles qui s’y sont logés,

L’importance de la couche d’ozone pour protéger la vie des rayons ultraviolets du soleil,

L’évolution de la présence des humains et leur colonisation des continents,

Des références à des personnages qui ont contribué à la connaissance de l’histoire de la terre,

Une esquisse de ce que la terre ou le soleil pourraient devenir dans un avenir lointain : 50 000 ans, 50 millions d’années et 5 milliards d’années.

Si vous écoutez régulièrement l’émission «Découverte» à la télé de Radio-Canada,  l’essentiel de l’histoire de notre planète vous y a déjà été racontée. Ce livre ajoute toutefois des précisions et des détails particulièrement intéressants, dont, par exemple, l’origine des pierres utilisées pour la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris (page 212) ou la présence de baleines dans le désert (page 220).

Après avoir savouré l’histoire des civilisations dans «La grande aventure de l’humanité» et jeté un coup d’œil captivant à la préhistoire dans «Mémoires de préhistoriens», j’ai eu bien du plaisir à en apprendre sur l’histoire de notre planète.

À l’endos du livre, il est écrit « …lisez-le d’une traite ou dégustez-le au gré de vos envies, pour découvrir les mystères de notre planète.» : j’ai choisi la deuxième option.

Laissons la fin de ce commentaire à l’auteur du livre :

«Sans ruptures, sans catastrophes, il n’y aurait pas de chronologie et le passé resterait indéchiffrable.» (page 1).

«…les dates retenues sont celles que la science retient à ce jour, et la science n’est pas une connaissance figée.» (page 2)

Référence

De Wever, Patrick. «Le Beau Livre de la Terre - De la formation du système solaire à nos jours». Dunod, 2014. 403 pages. La deuxième édition est datée de novembre 2017.