28 déc. 2013

«mãn» de Kim Thúy

Dans son roman «mãn», Kim Thúy nous fait découvrir les us et coutumes ainsi que les valeurs des Vietnamiens. Après les premiers épisodes de sa vie vécue au Vietnam, Mãn, son personnage principal, épouse un canadien d'origine vietnamienne. Même une fois établie à Montréal, son univers de référence demeure le Vietnam. Il faut dire qu'elle est d'abord confinée à la cuisine du restaurant mené par son mari. Les mets et la majorité des clients sont vietnamiens dans une communauté principalement originaire de l'Asie de l'Est. Sa vie est routinière, et elle ne s'attend pas à plus. Le passage suivant du livre résume bien son état d'esprit :  «Mon mari et moi avancions sur une route aussi lisse et plane qu'une piste d'atterrissage.» (page 105). Pouvait-elle espérer mieux? Laissons-là s'exprimer : «Voilà pourquoi je m'appelle Mãn qui  veut dire «« parfaitement comblée»» ou «« qu'il ne reste plus rien à désirer»», ou ««que tous les vœux ont été exaucés»». Je ne peux rien demander de plus , car mon nom m'impose cet état de satisfaction et d'assouvissement.» (pages 34 et 35).   

Toutefois, progressivement, le monde de Mãn prend de l'expansion grâce aux liens d'amitié qu'elle développe avec Julie, une Québécoise à l'esprit ouvert et sensible aux besoins des autres : elle rencontre d'autres gens, tisse des liens d'amitié, réalise des projets, relève des défis, effectue des voyages, vit de nouvelles émotions, etc. Son état d'esprit change. Ses attentes par rapport à la vie évoluent. Ses émotions basculent, notamment lorsqu'elle fait connaissance de Luc. Cette rencontre vient la bouleverser «... je ne savais rien encore de cet homme , qui était subitement devenu le centre de mon univers alors que je n'avais ni centre ni univers.» (page 108). Même si leur relation amoureuse prend fin, sa vie, et ses interactions avec les autres, incluant ses enfants, en restera imprégnée.

 «mãn» est rédigé dans le même style que «ru» (voir ci-dessous* mon commentaire du 27 mars 2011 concernant ce livre), à la différence que celui-ci est un roman autobiographique, alors que celui-là est présenté tout simplement comme une œuvre de fiction.

À l'endos du livre, l'auteure y est présentée comme étant la «...fidèle maîtresse des mots.», et c'est loin d'être une exagération.

* Lien vers mon commentaire du 27 mars 2011 :
http://jailuetvous.blogspot.ca/2011/03/jai-lu-ru-de-kim-thuy.html

Référence : Thúy, Kim. «mãn». Éditions Libre Expression, 2013. 145 pages.

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