15 mai 2014

«Le règne des boomers» de Jean-Claude Cloutier


Ce livre de Jean-Claude Cloutier sur les baby-boomers est une mise en contexte du grand chambardement survenu dans la société en raison principalement de leur avènement. Il y a bien l’effet du nombre, mais, comme le signale l’auteur, les changements vont au-delà de cela à maints égards. Leur arrivée coïncidence avec de nouveaux besoins à satisfaire dans l’ensemble de la population et de nouvelles conceptions des rôles, entre autres, dans les domaines de l’éducation et de la santé.

Cette «… espèce d’autobiographie collective.» (page 11) éveille bien des souvenirs chez les lecteurs de cette génération ou chez ceux de la précédente. À ceux de la suivante, l’auteur offre une synthèse répondant à bien des interrogations sur l’effervescence, les espoirs, les rêves, les défis, les expériences, les remises en question, les  controverses, les ambivalences,  les déceptions, les angoisses, etc. de la deuxième moitié du vingtième siècle vue, en particulier, à partir du Québec. Les plus jeunes vont y découvrir que ce qui va de soi aujourd’hui a eu un début dans un passé pas aussi lointain qu’ils peuvent parfois l’imaginer. À tous, ce livre offre la possibilité de mieux comprendre, cerner et saisir l’ampleur des changements survenus ou, encore, de ceux qui sont demeurés en plan. Il fait aussi état des courants de pensée, des événements, des conflits, des forces en présence, et de comment tout cela s’est coulé dans l’histoire du Québec et de ses «boomers».

À la lecture des quelque deux cents pages du livre, on sent bien que monsieur Cloutier a vécu, assimilé, décortiqué et analysé ce qu’il nous décrit et ce, dans un langage vif, accessible et sans détour où il sait éviter les longues descriptions et les écueils qui auraient pu ennuyer le lecteur.
Des passages ne sont pas sans surprendre, comme «…la révolution du Québec…ne donna lieu à aucune autre violence que verbale…» (page 36) et «… au référendum de 1980 sur l’indépendance du Québec.» (page 65). L’auteur apporte cependant les nuances nécessaires lorsqu’il traite du FLQ ainsi que des luttes syndicales aux pages 51 à 53, ou encore de la question référendaire de 1980 à la page 71.

Monsieur Cloutier porte en conclusion un jugement critique sévère envers sa génération :

«… le règne des boomers n’a été déterminant qu’à cause de leur nombre et du poids qu’ils exerçaient sur l’économie, pas parce qu’ils auraient collectivement décidé de changements susceptibles d’améliorer l’humanité ou de compromettre son avenir. Leurs succès et leur aisance, ils le doivent en grande partie à ceux qui les ont précédés.» (page 195).

Bon joueur, il revient tout de même dans les derniers paragraphes sur des contributions importantes sur le plan social : égalité des sexes, traitement des minorités, etc. Il aurait pu ajouter d’autres exemples, comme les progrès des dernières décennies sur le plan des connaissances et de l’innovation où il y a eu des apports majeurs de ses contemporains.

Le livre s’arrête sur le plan chronologique au «Printemps érable», mais les «boomers» eux sont bien loin de s’arrêter. Ils continuent d’être une force économique et sociale et des agents de changement. Le grand chambardement se poursuit avec leur vieillissement. Comment vont-ils continuer d’influencer les choix stratégiques, les investissements en infrastructures économiques et sociales ainsi que la production de biens et services? Un éventuel tome deux nous le dira peut-être un jour bien que monsieur Cloutier semble vouloir laisser à « ...d’autres…[de] prendre la plume» (page 197).

 

Référence

Cloutier, Jean-Claude. «Le règne des boomers - De mai 1968 au printemps érable». Les Éditions GID, 2013. 197 pages.

http://www.leseditionsgid.com/boutique-en-ligne/volumes-hors-collection/le-regne-des-boomers-detail

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