Ce livre de Jean-Claude Cloutier sur les baby-boomers est une mise en contexte du
grand chambardement survenu dans la société en raison principalement de leur avènement.
Il y a bien l’effet du nombre, mais, comme le signale l’auteur, les
changements vont au-delà de cela à maints égards. Leur arrivée coïncidence avec
de nouveaux besoins à satisfaire dans l’ensemble de la population et de
nouvelles conceptions des rôles, entre autres, dans les domaines de l’éducation
et de la santé.
Cette «… espèce d’autobiographie collective.» (page 11)
éveille bien des souvenirs chez les lecteurs de cette génération ou chez ceux de
la précédente. À ceux de la suivante, l’auteur offre une synthèse répondant à bien
des interrogations sur l’effervescence, les espoirs, les rêves, les défis, les
expériences, les remises en question, les controverses, les ambivalences, les déceptions, les angoisses, etc. de la
deuxième moitié du vingtième siècle vue, en particulier, à partir du Québec. Les
plus jeunes vont y découvrir que ce qui va de soi aujourd’hui a eu un début
dans un passé pas aussi lointain qu’ils peuvent parfois l’imaginer. À tous, ce
livre offre la possibilité de mieux comprendre, cerner et saisir l’ampleur des
changements survenus ou, encore, de ceux qui sont demeurés en plan. Il fait
aussi état des courants de pensée, des événements, des conflits, des forces en
présence, et de comment tout cela s’est coulé dans l’histoire du Québec et de ses
«boomers».
À la lecture des quelque deux cents pages du livre, on sent
bien que monsieur Cloutier a vécu, assimilé, décortiqué et analysé ce qu’il
nous décrit et ce, dans un langage vif, accessible et sans détour où il sait
éviter les longues descriptions et les écueils qui auraient pu ennuyer le
lecteur.
Des passages ne sont pas sans surprendre, comme «…la révolution du
Québec…ne donna lieu à aucune autre violence que verbale…» (page 36) et «… au
référendum de 1980 sur l’indépendance du Québec.» (page 65). L’auteur apporte cependant
les nuances nécessaires lorsqu’il traite du FLQ ainsi que des luttes syndicales
aux pages 51 à 53, ou encore de la question référendaire de 1980 à la page 71.
Monsieur Cloutier porte en conclusion un jugement
critique sévère envers sa génération :
«… le règne des boomers
n’a été déterminant qu’à cause de leur nombre et du poids qu’ils exerçaient sur
l’économie, pas parce qu’ils auraient collectivement décidé de changements
susceptibles d’améliorer l’humanité ou de compromettre son avenir. Leurs succès
et leur aisance, ils le doivent en grande partie à ceux qui les ont précédés.»
(page 195).
Bon joueur, il revient tout de même dans les derniers
paragraphes sur des contributions importantes sur le plan social : égalité
des sexes, traitement des minorités, etc. Il aurait pu ajouter d’autres
exemples, comme les progrès des dernières décennies sur le plan des
connaissances et de l’innovation où il y a eu des apports majeurs de ses
contemporains.
Le livre s’arrête sur le plan chronologique au «Printemps
érable», mais les «boomers» eux sont
bien loin de s’arrêter. Ils continuent d’être une force économique et sociale
et des agents de changement. Le grand chambardement se poursuit avec leur
vieillissement. Comment vont-ils continuer d’influencer les choix stratégiques,
les investissements en infrastructures économiques et sociales ainsi que la
production de biens et services? Un éventuel tome deux nous le dira peut-être
un jour bien que monsieur Cloutier semble vouloir laisser à « ...d’autres…[de]
prendre la plume» (page 197).
Référence
Cloutier, Jean-Claude. «Le règne des boomers - De mai 1968 au printemps érable». Les Éditions
GID, 2013. 197 pages.
http://www.leseditionsgid.com/boutique-en-ligne/volumes-hors-collection/le-regne-des-boomers-detail
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