15 avr. 2014

L'âge et l'appui à la souveraineté du Québec


La revue The Economist du 5 avril dernier (page 31) publie un graphique de Claire Durand de l’Université de Montréal qui présente bien l’évolution de l’appui à la souveraineté du Québec par groupe d’âge chez les francophones. Les données de Mme Durand avaient aussi fait l’objet d’un commentaire de Lysiane Gagnon dans sa chronique «A dim future for sovereignty», publiée le 26 mars dernier dans le quotidien The Globe and Mail.

 

D’après ce graphique, chez les 18-34 ans, l’appui à la souveraineté est passé d’un peu plus de 60 % en 1979 et 1995, à un peu moins de 40 % en 2013. Chez les 35-54, il est passé d’environ 35 % en 1979, à un peu plus de 60 % en 1995, pour descendre à un peu plus de 40 % en 2013. Chez les 55 et plus, il est passé d’environ 20 % en 1979, à un peu moins de 40 % en 1995 et à un peu plus de 40 % l’an dernier. Le seul groupe où l’appui à la souveraineté a poursuivi son ascension, c’est donc chez les 55 ans et plus, bien que cet appui soit à peu près du même ordre de grandeur dans les trois groupes d’âge en 2013, soit plus ou moins 40 %.

Ces chiffres m’ont rappelé la campagne électorale de 1970. J’étais allé à un rassemblement politique du Parti Québécois à Mont-Joli, municipalité du Bas-du-Fleuve. Environ les deux tiers des personnes présentes n’avaient pas encore l’âge de voter. La salle ne pouvait contenir toutes les personnes qui voulaient y entrer. Il y avait une ambiance survoltée, et on nous faisait écouter à maintes reprises le refrain «Québécois, nous sommes Québécois, le Québec saura faire s’il ne se laisse pas faire, etc.» du groupe «Les Sinners», devenu «La révolution française». L’atmosphère atteignit son comble lorsque le charismatique et tribun par excellence qu’était René Lévesque, prît la parole.  Les jeunes de cette époque sont, bien évidemment, les 55 ans et plus d’aujourd’hui.

 

Quelques jours plus tard, j’étais allé dans la même salle où se tenait, cette fois-là, un rassemblement politique de l’Union nationale (UN). Seulement 10 % des sièges étaient occupés, et la très grande majorité des gens avaient plus de 50 ans. J’étais probablement le seul «jeune» présent.

 

Il y a environ deux ans, j’ai vu à la télé des images d’un brunch dominical où Pauline Marois et Gilles Duceppe étaient présents. J’ai cru, un instant, n’y apercevoir que les têtes blanches que j’avais vues en 1970 au rassemblement de l’UN, mais, à bien y penser, je me suis fait la réflexion que c’était plutôt les jeunes de 1970 qui avaient bien changé, du moins physiquement.  

 

Par ailleurs, Jeffrey Simpson, dans sa chronique, publiée le 12 avril dans The Globe and Mail, écrit, entre autres, ceci :

«For example, here’s a little telltale from the Quebec election. An organization called Forum jeunesse runs an electoral awareness campaign for about 70,000 students, 12 to 17, in 350 Quebec schools. Students follow the election, talk about it and are given material from the electoral officer.

Then, a mock vote is taken. Not too long ago, chances are the Parti Québécois would have come first. A few decades ago, the PQ might have won a landslide.

But the mock vote produced a result of Liberals 36 per cent, Coalition Avenir Québec 21 per cent, PQ 18 per cent, Québec Solidaire 13.5 per cent. These students were not of voting age, so the results were hardly scientific. But at the very least, they suggest that the PQ isn’t what it used to be among the young. Which, in turn, doesn’t bode well for the party’s future. »

André Laurendeau a déjà écrit : «Il est normal qu’on soit séparatiste à vingt-cinq ans, cela devient plus inquiétant si on l’est encore à trente-cinq»*. Il serait probablement étonné d’apprendre que, de nos jours, chez les 55 ans et plus, l’option de la souveraineté est à un peu plus de 40 %, et à un peu moins de 40 % chez les 18-34, et de constater que plus on est jeune, moins l’option souverainiste reçoit des appuis.

 

Enfin, voici le dernier paragraphe de l’article de The Economist où l’on retrouvait le graphique de Mme Durand  auquel j’ai référé au début de mon commentaire :

 

«Claire Durand, a sociologist at the University of Montreal, speculates that the sovereignty issue has been defused for younger Francophone voters because of measures taken by successive governments to boost protection of the French language at school and in the workplace, and to acquire more control over the economy and immigration. Maurice Pinard of McGill University, who conducted the first poll on support for sovereignty in Quebec in the early 1960s, sees separatism as a social movement taken up by one generation and dropped by the next. If so, the question for the PQ is what it really stands for. »

 

* Extrait d’un éditorial du quotidien Le Devoir du 8 mars 1961, repris dans «Québec 1945-2000,  À la recherche du Québec» de Léon Dion, tome 1, page 117.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Si vous n'avez pas de compte Google ou autre, sélectionnez le profil «Anonyme» pour enregistrer et publier votre commentaire, et laissez, SVP, votre nom au bas de votre commentaire. Merci!