Le livre de Roger Dehem intitulé « De l’étalon-sterling à
l’étalon-dollar» a été publié il y a un peu plus de quarante ans. Il est riche
en connaissances et en réflexions sur les politiques monétaires respectives des
États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, notamment entre 1873
et 1971. Comme l’indique bien le sous-titre de cet ouvrage, c’est d’une «Synthèse
d’histoire monétaire» dont il s’agit, et elle est particulièrement bien
documentée.
Le professeur Dehem y met en évidence les bonnes
décisions des autorités politiques et monétaires nationales à certains moments.
Il s’indigne toutefois de ce qu’il appelle des «aberrations», et elles furent
nombreuses, aberrations qui se sont avérées couteuses pour les citoyens et
déstabilisantes pour les économies.
Avec preuves à l’appui, il écrit :
«De toute l’histoire des décisions de politique
économique, il n’est sans doute pas d’épisode plus déconcertant que celui de la
politique monétaire aux États-Unis de 1929 à 1933.» (page 114).
«Si la politique de stérilisation de l’or au cours des
années 1920 fut défendable du point de vue national, celle des années 1929-1933
fut catastrophique, tant au point de vue intérieur qu’à celui du reste du
monde. Parmi toutes les politiques qui auraient pu être adoptées pour relancer
l’économie interne en 1933, celles qui furent effectivement appliquées furent
les pires que l’on puisse imaginer du point de vue externe ; leur efficacité
interne est, par ailleurs, discutable.» (page 119).
Et il ajoute :
«Non seulement la gestion monétaire était-elle contraire
à l’intérêt mondial, mais elle infligea des souffrances immenses et inutiles au
peuple américain.» (page 137).
Ses critiques ne se limitent aux décisions américaines,
malgré ce que peuvent laisser croire mes choix de citations. Il en a aussi
contre des décisions de pays européens, en particulier les choix de la France à
divers moments.
Il examine en
outre les efforts de la communauté internationale pour améliorer la
collaboration et la concertation entre les pays pour tenter d’éviter dans l’avenir
la répétition des erreurs du passé. Il se penche notamment sur «Le compromis de
Bretton Woods» et la «paralysie» du Fonds monétaire international à ses débuts.
Il nous livre également ses réflexions sur la faisabilité, à l’époque, de l’union
monétaire en Europe.
L’étude du professeur Dehem s’arrête à la décision des
États-Unis, en août 1971, de suspendre la convertibilité-or du dollar.
Toutefois, l’histoire des crises monétaires et financières est loin d’être
achevée, comme nous le démontre bien l’actualité économique, notamment depuis
2007-2008. Cette fois-ci, la gestion laxiste des risques serait la principale
cause de la crise financière. La connaissance de l’expérience des années 1930 a,
à tout le moins, amené les autorités publiques et monétaires à intervenir avant
que cette crise ne se transforme en désastre. Politiques monétaires
expansionnistes, dépenses gouvernementales en infrastructures et plans de
sauvetage des banques et d’industries, notamment celle de l’automobile en
Amérique du Nord, se sont conjugués afin d’éviter le pire.
Enfin, pour compléter la lecture de ce livre, pourquoi ne
pas entreprendre celle de «The Ascent of
Money» de Niall Ferguson, publié en
2008. Il y a déjà trop longtemps que ce livre repose sur une tablette de ma
bibliothèque.
Référence : Dehem, Roger. «De l’étalon-sterling à l’étalon-dollar». Calmann-Lévy, 1972. 222
pages.
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