Un retour dans la poésie et l'édition littéraire québécoises de la deuxième moitié du vingtième siècle, voilà ce que nous fait vivre Pierre Nepveu dans sa biographie de Gaston Miron publiée chez Boréal en 2011.
Nepveu nous présente comment Miron est devenu poète, son cheminement, ceux qui l'ont influencé, son vécu, ses amitiés, ses espoirs, ses échecs personnels, ses succès et ce qu'il a choisi d'exprimer dans son oeuvre.
On y retrouve non seulement le poète, mais aussi l'éditeur, l'enseignant, le folkloriste, le religieux (le frère Adrien), l'animateur, l'harmoniciste, l'amoureux, l'indépendantiste, le politicien, l'ambassadeur de la littérature et de la culture québécoises, le chantre d'un peuple, le mentor des autres écrivains, le récipiendaire de nombreux prix et hommages, mais aussi l'être en quête de lui-même et de son pays. L'homme est doué pour l'écriture, les relations et les communications publiques, les liens d'amitié, la vie intellectuelle, etc. Par contre, ses relations intimes et amoureuses sont difficiles et marquées par l'éphémère, tout le contraire de ce qu'il espérait.
Autant Miron a contribué à publier d'autres écrivains et à faire connaître leurs oeuvres, autant la publication de ses propres écrits lui était difficile. Il faudra l'insistance de ses proches et des ultimatums bien sentis pour l'amener à compléter et à remettre aux éditeurs ses poèmes et ses autres textes. Sa recherche de la perfection était presque maladive.
Cette biographie de Miron est aussi une occasion de revoir l'épopée de Cité libre et de Parti pris, deux revues qui ont contribué à remettre en question ce qui se passait au Québec dans les années cinquante et soixante, mais selon deux écoles de pensée bien distinctes. Miron était associé à celle de Parti pris où l'on retrouvait des intellectuels indépendantistes et de gauche.
Plusieurs personnages connus du public québécois, et pour la plupart disparus, viennent nous faire un clin d'oeil sous la plume de Nepveu. Mentionnons : Ambroise Lafortune, Alain Grandbois, Françoise Gaudet-Smet, Gérald Godin, Pauline Julien, les Jacques Ferron, Godbout et Hébert, Pierre Vallières, Frank R. Scott, Jean Royer, Fernand Dumont, Gilles Carle, Victor Lévy-Beaulieu et combien d'autres.
Le projet de pays et d'indépendance du Québec, si cher à Miron, n'a pas semblé rejoindre la génération de poètes qui a suivi celle de l'auteur de «L'homme rapaillé». À partir du moment où ce projet a été porté par les politiciens, les nouveaux poètes se sont sentis moins concernés, selon Nepveu; ils seraient passés à autre chose.
Lire «Gaston Miron : La vie d'un homme» fut , pour moi, partir à la découverte d'un personnage important de la littérature québécoise, non seulement en raison de ses écrits, mais aussi de sa contribution à l'édition et la promotion de la littérature québécoise. On y retrouve d'ailleurs une bonne partie de l'histoire de la maison d'édition l'Hexagone.
La biographie de Miron m'a aussi permis de connaître un autre auteur : Pierre Nepveu. Il écrit admirablement bien au point de susciter l'envie d'arriver à le faire aussi bien que lui. La qualité de la rédaction de son ouvrage sur Miron donne le goût de lire son oeuvre de romancier et de poète.
Merci Jean-Pierre pour cette recension qui donne le goût de lire ce livre même s'il s'agit d'une brique intimidante. Chose certaine il est heureux que ce livre et le succès de la tournée de spectacles des «12 hommes rapaillés» contribuent à rendre justice à la mémoire d'un grand Québécois.
RépondreSupprimerJean-Claude