Fernand Daoust a été un personnage important de l’histoire du syndicalisme au Québec au vingtième siècle. André Leclerc nous en offre une biographie en deux tomes. Les multiples combats de cet ancien Secrétaire général (1969-1991) et Président (1991-1993) de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) y sont relatés. Sa contribution à l’amélioration des conditions de travail et des relations industrielles ainsi que sa vision de l’avenir politique du Québec y sont bien mis en évidence. Le courage, la détermination, l’ardeur, le jugement, l’engagement et les accomplissements de ce leader peuvent servir d’inspiration à la jeunesse québécoise à la recherche parfois de modèles.
Des moments importants de l’histoire
du mouvement syndical et de la politique québécoise sont présentés dans ce
livre. Il y est question aussi de bien des personnes qui ont œuvré dans le
monde syndical québécois, en particulier celles qui ont contribué à
l’édification de la FTQ. Leurs portraits sommaires abondent au fur et à mesure
qu’elles en viennent à côtoyer ou à collaborer avec monsieur Daoust.
André Leclerc termine ainsi
sa biographie : « Toute sa vie a été consacrée à instaurer plus de justice
et de dignité dans la société qui l’a vu naître. » (page 372)
Mentionnons
enfin que des distinctions importantes ont été attribuées à Fernand Daoust,
dont Patriote de l’année, en 1998, et Chevalier de l’Ordre national du Québec,
en 2001. (p. 379)
Cette biographie nous offre
un bel exemple de la possibilité d’errer lorsqu’un auteur s’éloigne de son
sujet, sans valider ce qu’il avance. À la page 300 du tome 2, il affirme que
l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (ALÉ), entré en
vigueur en 1989, «…contient une disposition (article 11) qui consacre la
prépondérance des droits du commerce sur les législations nationales. » Cela ne
tient pas la route. Il fait probablement allusion au chapitre 11 de l’Accord de
libre-échange nord-américain (ALÉNA), entré en vigueur en 1994; cet accord
permettait d’élargir au Mexique la zone de libre-échange canado-américaine. La
section B de ce chapitre intitulée « Règlement des différends entre une Partie
et un investisseur d’une autre Partie » vise à donner à un investisseur la
possibilité d’obtenir une compensation monétaire ou la restitution de biens,
dans des cas d’expropriation à titre d’exemple. La marge de manœuvre des États
pour adopter des législations n’était aucunement affectée. Il faut savoir que
les accords commerciaux, comme l’ALÉ et
l’ALÉNA, n’affectent en rien la souveraineté des États. Ils prévoient toutefois
qu’en cas de non respect des engagements d’un pays, celui-ci doit offrir une
compensation à ses partenaires, à défaut de quoi ceux-ci peuvent lui imposer
des mesures de rétorsion.
En outre, une lecture plus
attentive du manuscrit aurait révélé des coquilles, comme la défaite des
libéraux en 1937 (page 41, tome 1) plutôt qu’en 1936 ou le décès du premier
ministre Paul Sauvé en janvier 1958 (page 221, tome 1) plutôt qu’en 1960.
Ces exemples sèment,
malheureusement, un doute quant à la possibilité que d’autres renseignements
contenus dans cette biographie soient inexacts.