Je m’attendais à ce que ce
roman ait au moins quatre cents pages tenant compte qu’il a servi d’inspiration
à des émissions à la radio et à la télévision qui furent diffusées de très nombreuses
années. Et pourtant, il en fait un peu moins de cent vingt-cinq, en excluant
la préface et le glossaire. Il a aussi été porté au cinéma. Ce sera toutefois le
début du récent téléroman «Les pays d’en haut» qui m’incitera à en faire la
lecture.
L’auteur nous raconte la vie
d’un avare qu’il a connu alors qu’il résidait dans la région des Laurentides au
Québec. La servitude à l’argent de Séraphin domine son existence. Elle marque
de façon particulièrement négative ses relations avec les autres personnes qui
en viennent d’ailleurs soit à le craindre, soit à le détester ou soit à le
trouver dégoûtant ou même hideux. Il se prive de tout sur le plan humain et
matériel pour assouvir sa passion de s’enrichir monétairement; une richesse
importante par rapport à celle de ses concitoyens de Sainte-Adèle, mais
dérisoire si on la compare à celle des barons de la finance et de l’industrie
de l’époque. Son épouse, Donalda, sera une victime de sa passion-vice. Elle
vivra à ses côtés un an et un jour, une éternité tenant compte des
circonstances, avant de mourir privée de tout, à l’exception des prières du
curé et de l’extrême-onction qui ont l’avantage de ne rien coûter à Séraphin.
Le roman de Grignon n’est
pas qu’avarice et souffrance. Il nous transporte dans une région pittoresque du
Québec à la fin du dix-neuvième siècle. Il nous décrit bien les conséquences
des saisons sur le quotidien et les gagne-pain des défricheurs de l’époque. Leur
mode de vie est évoqué ainsi que certaines pratiques du temps, comme la veillée-au-corps.
L’auteur fait aussi allusion au libertinage, notamment celui d’Alexis, un père
de famille au grand cœur, porté à l’excès, tout comme son cousin Séraphin, mais
leurs péchés capitaux sont bien différents.
Au lit dans le roman, on y est
malade, tourmenté, à l’agonie, à la recherche d’un peu de chaleur, et c’est là
où s’achève la vie misérable en couple de Donalda. Dans le nouveau téléroman,
il en est tout autrement, du moins jusqu’à maintenant, sauf au moment de la
maladie d’amour de la jeune Donalda.
Enfin, en préface du roman,
l’auteur nous révèle qu’il n’y a que dans la mort de l’avare qu’il a laissé
libre cours à son imagination : «Tout le reste, ce sont des gestes, ce
sont des faits qui se sont produits à heure dite et dans un temps déterminé.»
(page 21).
Référence : Grignon,
Claude-Henri. «Un homme et son péché».
La première édition remonte à 1933; la plus récente, en 2012, fut publiée chez
Les Éditions internationales Alain Stanké, collection 10/10.
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