5 mars 2016

«Un homme et son péché» de Claude-Henri Grignon



Je m’attendais à ce que ce roman ait au moins quatre cents pages tenant compte qu’il a servi d’inspiration à des émissions à la radio et à la télévision qui furent diffusées de très nombreuses années. Et pourtant, il en fait un peu moins de cent vingt-cinq, en excluant la préface et le glossaire. Il a aussi été porté au cinéma. Ce sera toutefois le début du récent téléroman «Les pays d’en haut» qui m’incitera à en faire la lecture.

L’auteur nous raconte la vie d’un avare qu’il a connu alors qu’il résidait dans la région des Laurentides au Québec. La servitude à l’argent de Séraphin domine son existence. Elle marque de façon particulièrement négative ses relations avec les autres personnes qui en viennent d’ailleurs soit à le craindre, soit à le détester ou soit à le trouver dégoûtant ou même hideux. Il se prive de tout sur le plan humain et matériel pour assouvir sa passion de s’enrichir monétairement; une richesse importante par rapport à celle de ses concitoyens de Sainte-Adèle, mais dérisoire si on la compare à celle des barons de la finance et de l’industrie de l’époque. Son épouse, Donalda, sera une victime de sa passion-vice. Elle vivra à ses côtés un an et un jour, une éternité tenant compte des circonstances, avant de mourir privée de tout, à l’exception des prières du curé et de l’extrême-onction qui ont l’avantage de ne rien coûter à Séraphin.

Le roman de Grignon n’est pas qu’avarice et souffrance. Il nous transporte dans une région pittoresque du Québec à la fin du dix-neuvième siècle. Il nous décrit bien les conséquences des saisons sur le quotidien et les gagne-pain des défricheurs de l’époque. Leur mode de vie est évoqué ainsi que certaines pratiques du temps, comme la veillée-au-corps. L’auteur fait aussi allusion au libertinage, notamment celui d’Alexis, un père de famille au grand cœur, porté à l’excès, tout comme son cousin Séraphin, mais leurs péchés capitaux sont  bien différents.

Au lit dans le roman, on y est malade, tourmenté, à l’agonie, à la recherche d’un peu de chaleur, et c’est là où s’achève la vie misérable en couple de Donalda. Dans le nouveau téléroman, il en est tout autrement, du moins jusqu’à maintenant, sauf au moment de la maladie d’amour de la jeune Donalda.

Enfin, en préface du roman, l’auteur nous révèle qu’il n’y a que dans la mort de l’avare qu’il a laissé libre cours à son imagination : «Tout le reste, ce sont des gestes, ce sont des faits qui se sont produits à heure dite et dans un temps déterminé.» (page 21).

Référence : Grignon, Claude-Henri. «Un homme et son péché». La première édition remonte à 1933; la plus récente, en 2012, fut publiée chez Les Éditions internationales Alain Stanké, collection 10/10.

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