Dans son essai, Caroline St-Louis analyse le contenu du journal personnel de John Winthrop, gouverneur du Massachusetts au cours de la première moitié du dix-septième siècle, plus particulièrement entre 1630 et 1649. Cet examen sert de base au récit de la naissance de l'Acadie et du Massachusetts et des relations que ces deux colonies ont développées à cette époque. L'une est française et catholique; l'autre est anglaise et puritaine. Leurs motivations et leurs intérêts respectifs sont parfois semblables, parfois divergents, et, nécessairement, influencés par ce qui se passe entre la France et l'Angleterre.
Ce qui ressort de cet ouvrage, c'est, avant tout, le conflit entre les deux gouverneurs français de l'Acadie : La Tour et d'Aulnay. La Tour cherche à développer des liens politiques et commerciaux avec le Massachusetts afin d'avoir le dessus sur d'Aulnay. Il ne réussira pas à avoir l'appui militaire qu'il recherche, mais il obtiendra une entente de libre commerce qui permettra aux marchands du Massachusetts de «...s'insérer dans le lucratif commerce des fourrures à l'est de la rivière Penobscot,...» (page 33). C'est toutefois d'Aulnay qui l'emportera finalement en 1645.
Une fois signée, en 1646, une entente de paix durable entre l'Acadie et le Massachusetts «..., les relations politiques cessèrent complètement entre les deux parties et d'Aulnay continua à protéger les ressources naturelles de l'Acadie.» (page 131).
Madame St-Louis cite en introduction un passage d'une autre étude, celle de Marie Anne MacDonald*, qui résume bien la situation et les conséquences du conflit entre Français à l'époque :
«...lorsque s'ouvre le conflit entre La Tour et d'Aulnay, l'Acadie figure à égalité sinon plus haut que Québec dans les visées coloniales françaises. Lorsqu'il prend fin, elle est épuisée, une proie facile pour la Nouvelle-Angleterre en pleine expansion. Elle devient simple pion dans l'échiquier politique, incapable d'influencer ni son sort ni celui de quiconque.» (page 22).
L'ouvrage de madame St-Louis aide à comprendre les origines de ce qui deviendra la tragédie acadienne, dont le point culminant sera La déportation des Acadiens ou Le grand dérangement.
Références : St-Louis, Caroline. «Regard du Massachusetts sur l'Acadie - Le journal de Winthrop, 1630-1649». Éditions La Grande Marée, 2009. 137 pages.
http://www.archambault.ca/stlouis-caroline-regard-du-massachusetts-sur-lacadiejournal-de-winthrop-16301649-le-ACH002998668-fr-pr
* MacDonald, Marie Anne. «Fortune and La Tour: the civil war in Acadia», 1983.
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Bonne idée que de partager ces pages peu connues de l'histoire de l'Acadie.
RépondreSupprimerJean-Claude Cloutier