Roch Bolduc était venu nous faire une présentation
au milieu des années 1970 dans le cadre d’un cours de finances publiques à
l’Université Laval. C’est le bon souvenir de cette présentation qui m’a incité
à lire le témoignage de sa vie, notamment dans la fonction publique québécoise,
dans le secteur privé et au Sénat canadien. Il nous livre, entre autres, ses
commentaires sur les événements et les personnages qui l’ont marqué.
Les trois premiers chapitres sur son enfance et ses
études ont peu suscité mon intérêt. Je suis toutefois content d’avoir persévéré
dans ma lecture, car les chapitres suivants sont riches en renseignements,
souvenirs, commentaires et bilans.
J’ai particulièrement aimé la section intitulée « À
Kingston» (pages 191 à 199) où pendant un an, 1972-1973, il est basé au Collège
de la défense; ce n’est cependant qu’un port d’attache d’où il partira souvent
pour parcourir le monde.
Les pages 252 à 255 sont aussi dignes de mention. Il nous
y livre ses opinions et ses constats sur des sujets comme les difficultés de
réformer et de contenir l’appareil gouvernemental. Les deux dernières phrases
de la page 255 traduisent bien sa pensée : «Morale : prudence et
modération dans l’intervention gouvernementale. Le public n’en demande peut-être
pas tant!». D’ailleurs, à la page 172, il nous avait déjà servi un
avertissement : «Or, qui dit planification dit intervention. Au pouvoir,
c’est toujours tentant d’intervenir et rares sont les planificateurs qui
recommandent de ne rien faire!». Autre sujet où il a un point de vue assez
tranché : les bonis aux gestionnaires de la fonction publique (page 289).
Il passe parfois très vite sur certains sujets importants,
ce qui peut même devenir une lacune. À titre d’exemple, à la page 283, il
enfile successivement politique
monétaire, pauvreté, visites officielles en Algérie et au Maroc, l’amélioration
du processus budgétaire, l’an 2000, la vie dans l’opposition. En ne nous
présentant que le menu, il nous laisse, bien évidemment, sur notre appétit.
Autre critique : une bonne révision aurait
été importante pour corriger des coquilles, comme à la page 275 où l’OMC
devient «…l’Office mondial du commerce…»;
heureusement, à la page 292, cette organisation retrouve sa bonne appellation,
soit l’Organisation mondiale du commerce.
La biographie de Pierre Nepveu sur Gaston Miron (voir mon commentaire du 3 avril 2012) nous
présentait le Québec du vingtième siècle par le prisme du monde littéraire.
Roch Bolduc nous le présente d’un tout autre angle, celui de l’administration
publique.
Référence : BOLDUC, Roch. «Le mandarin de l’ombre - De
la Grande noirceur à la Révolution tranquille». Les éditions du Septentrion,
2012. 347 pages.