La publication en 2011 du premier tome du roman historique de Martin Fournier sur Radisson m'a incité à lire la biographie de 2001 du même auteur sur ce personnage du dix-septième siècle. Il faut dire que mon intérêt pour Radisson remonte à mon enfance, à l'époque des émissions à la télé sur Radisson et Des Groseillers. En préface au roman historique, Serge Bouchard me déroute en écrivant que «La série en question n'était en rien conforme à la réalité,...». Déception vite surmontée toutefois!
Fournier m'a permis d'approfondir mes connaissances sur la Nouvelle-France du dix-septième siècle, sur les forces en présence, sur la dynamique des relations et des conflits entre les Amérindiens et entre les Amérindiens et les Européens. Le mode de vie des Amérindiens est particulièrement bien rendu dans le premier tome du roman historique.
Lire sur Radisson, c'est aussi lire sur le commerce des fourrures, et aussi sur sa contrepartie, le troc des armes et des outils et son impact significatif sur l'équilibre des forces dans les conflits entre les groupes d'autochtones. C'est aussi lire sur les conflits ou les guerres entre les Hollandais et les Anglais non seulement en Amérique, mais aussi en Europe et en Afrique. C'est lire sur les débuts de la Compagnie de la Baie d'Hudson, sur le fonctionnement de la Royal Society à l'époque. C'est lire sur deux visions de l'exercice du pouvoir: celle du Roi Soleil et du Pape, soit le pouvoir absolu de droit divin, et celle en dévelopement en Angleterre où les citoyens et leurs représentants au Parlement en viennent à encadrer de plus en plus le pouvoir royal.
La biographie met en évidence comment la vie d'un coureur des bois et négociant en fourrures est influencée par la politique de colonisation des Européens, les luttes de pouvoir, la dynamique des conflits en Amérique du Nord, les efforts d'évangélisation, etc. Elle nous fait connaître en Radisson un être doté de multiples capacités qui ne tiennent pas que de la légende, mais de faits vérifiables. À la page 290, Fournier signale une caractéristique importante de son sujet «...sa capacité exceptionnelle à s'adapter et à se transformer.»
Quant au premier tome du roman historique, je vous le recommande si les histoires de scalps, de torture, de cannibalisme et autres ne vous rebutent pas trop. Étant un peu fragile ou sensible, j'ai eu de la difficulté avec bien des passages. Il faut dire que mon seuil de tolérance est assez bas, particulièrement en fin de soirée.
Références
Biographie
Fournier, Martin. «Pierre-Esprit Radisson (1636-1710), aventurier et commerçant». Les éditions du Septentrion. 2001, 314 pages.
Roman historique
Fournier, Martin. «Les aventures de Radisson 1. L'enfer ne brûle pas». Les éditions du Septentrion. 2011, 318 pages.
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Bonne idée que de rappeler la mémoire de Radisson. J'ai bien l'impression que ceux qui n'ont pas eu la chance de voir la série télé avec Jacques Godin doivent associer ce nom à celui d'une chaîne d'hôtel américain. Mais il est vrai que la série ne donnait qu'un faible aperçu de la vie remarquable de Radisson. Je suis surpris que tu ne fasses pas référence à ses changements d'allégeances en faveur des Bostonnais et de l'Angleterre.
RépondreSupprimerJean-Claude
Jean-Claude,
SupprimerPlusieurs historiens ont mis l'accent sur les changements d'allégeance de Radisson et Des Groseillers les considérant même comme des traîtres. Fournier évite ce piège et se distingue en les présentant comme des aventuriers, des découvreurs européens, des négociateurs, des commerçants, etc. Ils étaient à la recherche d'appuis pour réaliser leurs projets. Ils avaient le choix entre aller de l'avant ou suffoquer. Ils s'adaptaient aux circonstances, tant dans leurs relations avec les Amérindiens que celles avec les pouvoirs coloniaux. Leur histoire, telle que relatée par Fournier, est fascinante.
Jean-Pierre
Bonne mise au point. Il est vrai qu'à bien des égards les personnages de la Nouvelle-France étaient des personnalités hors du commun. À ce sujet, j'ai trouvé assez extraordinaire les «Écrits en huronie» de Jean de Brébeuf (réédition de 1996). Voilà un héros qui n'a rien à envier à Indiana Jones. Le gouvernement fédéral fait présentement des efforts pour rappeler la guerre de 1812. Les aventures de Brébeuf, Champlain, Radisson, La Salle, La Vérendrye, Marie de l'Incarnation et D'Iberville, entre autres, mériteraient également d'être rappelées. Heureusement, des gens comme Serge Bouchard se chargent de nous montrer que l'histoire du Canada-français est vraiment une épopée...
SupprimerJean-Claude