Robert
L. Heilbroner présente Joseph A. Schumpeter (JAS) « …as one of the most
imaginative of the worldly philosophers. ». Il en remet en ajoutant qu’il
était certainement « …a great visionary… », malgré, parfois, ses
contradictions.
Pour
JAS, le capitalisme est dynamique et orienté vers la croissance. Une dépression
ou une récession n’est qu’une douche froide. Contrairement à Keynes, il ne voit
pas la nécessité de dépenses gouvernementales pour stimuler l’économie en
période de ralentissement, sauf pour en atténuer ses bouleversements
sociaux.
JAS
publie, à 27 ans, « The Theory of Economic Development ». Elle est
devenue, selon Heilbroner, « …one of the most influencial interpretations of
capitalism ever written. ». Il y met l’accent sur l’importance cruciale des
entrepreneurs et de l’innovation dans le progrès économique.
La
dépression économique des années 1930 aidant, JAS s’est intéressé aux cycles
économiques. Il publie, en 1939, « Business Cycles », œuvre en deux
tomes totalisant quelque mille pages. Il y identifie trois cycles : ceux
de courte durée, ceux d’une durée de sept à onze ans et ceux d’une cinquantaine
d’années. Selon lui, durant la Grande dépression, ces trois cycles ont atteint
un creux accentué par l’absence de politiques économiques adéquates et par les
répercussions de la Révolution russe.
En
1942, JAS publie « Capitalism, Socialism and Democraty » un livre qui a
changé « … the way we think about the system », selon Heilbroner. JAS y
envisage, entre autres, l’avenir du capitalisme. Il prévoit qu’il ne survivra
pas, malgré ses succès. Selon lui, l’aventure entrepreneuriale va s’estomper
pour des raisons sociologiques, et l’innovation va s’institutionnaliser et
devenir routine. (Dans ses commentaires et aidé par le temps, Heilbroner
n’hésite pas à remettre en question cette prédiction.) C’est dans ce livre aussi que JAS présente
clairement le phénomène de la « destruction créatrice » en économie.
Malgré
l’importance de l’œuvre, Heilbroner n’écrit que quelques mots sur « Histoire de l’analyse économique » de JAS. Il la décrit tout de même ainsi : «
…a magesterial survey of economic thought… ».
Dans
l’Histoire et dans ses cours, JAS, modeste, ne dit mot quant à sa
contribution à l’évolution de la pensée ou de l’analyse économiques, ce qui,
semble-t-il, frustrait ses collègues et ses étudiants.
Enfin, ajoutons que voulant signifier l’importance de la contribution de Schumpeter, la revue The Economist a donné son nom à sa chronique hebdomadaire sur les affaires, où il est question, en particulier, d’entreprises innovantes.
Source :
Heilbroner, Robert L. « The Worldly Philosophers - The Lives, Times, and
Ideas of the Great Economic Thinkers ». 7ième édition révisée,
Simon & Schuster, 1999. Pages 288 à 310.