Joseph A. Schumpeter a décrit ainsi « Le processus de destruction créatrice » : le capitalisme n’est pas que concurrence; « nous avons affaire à un processus d’évolution » où les éléments existants sont détruits par la création de neufs sur les plans de la consommation, de la production, du transport, de l’ouverture de marchés, de l’organisation industrielle, etc. « Ce processus de Destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme…».[1] L’innovation est l’assise de ce processus. Elle est le « perennial gale of creative destruction ». L’entrepreneur innovant était d’ailleurs au cœur de la Théorie du développement économique de Schumpeter.[2]
Schumpeter a énoncé en sept
pages sa conception du processus de destruction créatrice en économie. Dans
leur livre, Aghion, Antonin et Bunel ont consacré près de 400 pages à la
validation du modèle schumpétérien de la croissance par l’innovation. Ils l’ont
examiné de multiples angles, comme la concurrence, l’emploi, le chômage, l’industrialisation,
la finance, le rattrapage des pays riches par les pays pauvres, les inégalités,
l’environnement, la santé et le bonheur. Leur livre abonde en exemples pour
faciliter au lecteur la compréhension des diverses facettes de la destruction
créatrice. Aussi, ils préfèrent nettement le modèle schumpétérien à
celui néoclassique de Robert Solow de
la croissance fondée sur l’accumulation du capital.
Par ailleurs, les auteurs
insistent sur les liens essentiels entre marché, État et société civile ainsi
qu’à l’importance de mieux « réguler » le capitalisme, plutôt que de chercher à
le « dépasser », pour maximiser les retombées de l’innovation sur la prospérité
à long terme.
En guise de conclusion,
voici un extrait de leur livre : « Le pouvoir de la destruction créatrice
réside avant tout dans sa formidable capacité à générer de la croissance. C’est
bien la destruction créatrice qui a hissé nos sociétés à des niveaux de
prospérité inimaginables il y a à peine deux cents ans. Le défi est alors de
mieux appréhender les ressorts de ce pouvoir pour ensuite l’orienter dans la
direction que l’on souhaite. » (page 10)
[1]
Schumpeter, Joseph Alois. « Capitalisme, socialisme et démocratie ». Payot, 1972. Pages 113 à 120.
[2] Heilbroner, Robert L. « The worldly philosophers : The lives, times, and ideas of the great economic thinkers ». Simon & Schuster, 7ième edition. Pages 288 à 310.
Aghion,
Philippe et al. « Le pouvoir de la destruction créatrice ». Éditions Odile Jacob,
2020. 396 pages.