Le
professeur Bouchard nous présente dans ce livre un plaidoyer particulièrement
bien documenté en faveur de l’enseignement de l’histoire nationale du Québec.
Il y
passe en revue ce qui a été écrit depuis le début du dix-neuvième siècle sur
l’histoire du Québec, et il y jette le regard critique d’un intellectuel qui
connait bien son sujet. Il y signale, entre autres, que l’analyse historique
traditionnelle « … était tournée principalement vers les puissants et vers la
France. » (page 319).
Il y
va aussi de commentaires assez sévères à l’égard de la métropole française et
des dirigeants de sa colonie en Amérique du Nord. Il ne lésine pas sur le choix
des mots en indiquant, à titre d’exemple, que la métropole « … a réservé un
sort … peu enviable à nos ancêtres. » (p.320) et « … un traitement brutal … aux
populations autochtones. » (p.314).
Rien
de surprenant alors à ce qu’il rejette, sur le plan des mythes fondateurs, l’héritage
des dirigeants de la Nouvelle-France. Il mise plutôt sur l’enseignement que « Le
Québec serait … principalement l’héritier de la vaillance, de la ténacité des
humbles, lesquels se présentent comme les vrais héros de notre histoire. »
(p.318) et non pas les aristocrates, les marchands ou les religieux. Le peuple est,
selon Bouchard, « … la voie la plus riche et la plus précieuse qui nous soit
offerte sous le rapport de la mémoire et des valeurs fondatrices… » (p.318).
Bouchard
met aussi en relief que, durant la première moitié du dix-neuvième siècle, les
patriotes ont proposé une pensée sociale réaliste où primait la démocratie,
l’égalité des droits, l’éducation et la suppression du régime seigneurial (page
316). Ce sont des idéaux ou des valeurs qui conviennent bien dans
l’enseignement d’une histoire nationale et qui rejoindraient la jeunesse
d’aujourd’hui, selon lui.
Il
propose certes une histoire des francophones (autrefois les Canadiens, devenus des
Québécois dits de souche), mais aussi « une histoire intégrante » qui inclurait
celle des Premières nations et des autres communautés qui ont façonné l’histoire
du Québec. Le « nous » aurait alors un sens plus englobant que la majorité
d’origine française.
Bouchard
suggère une approche équilibrée où l’on tiendrait compte des valeurs, du
nationalisme et des mythes fondateurs du Québec.
De
quoi donner un nouvel élan à l’histoire nationale, sujet délaissé depuis un
certain temps par les historiens et les programmes d’enseignement de l’histoire,
selon ce que laisse entendre l’auteur.
Il y a
évidemment beaucoup plus que ce que je viens de décrire dans ce livre. Si vous portez
un intérêt particulier à l’histoire nationale et aux méthodes de son enseignement,
il est pour vous.
Bouchard,
Gérard. « Pour l’histoire nationale – Valeurs, nation, mythes fondateurs
». Les Éditions du Boréal, 2023. 324 pages.