À l’école, la « Grammaire française » de Jean-Marie
Laurence nous apprenait que le français provenait de l’intégration de trois
langues : le celtique (version gauloise), le latin et le germanique. L’histoire
s’arrêtait là, et nous passions, cela va de soi, à la grammaire. Dans « La story de langue française » de Jean
Pruvost, l’histoire générale et celle de
la langue française deviennent un préalable à l’analyse de l’évolution du
vocabulaire en français.
Le français et l’anglais appartiennent
à la grande famille des langues indo-européennes. On y retrouve des langues
mortes, comme le latin et le sanskrit, et des langues vivantes, comme celles
parlées en Europe ainsi que le persan et l’hindi (page 49). Toutefois, le
français, par son association prononcée au latin, fait partie de la branche dite
romane, et l’anglais de la branche germanique, tout comme l’allemand et les
langues des pays scandinaves (page 50).
N’empêche, les liens entre
le français et l’anglais sont importants, et ils remontent à près d’un
millénaire. Guillaume le Conquérant et ses héritiers ont imposé le français à
l’Angleterre à compter du onzième siècle de notre ère. L’histoire des liens
entre ces deux langues, c’est également, à maints égards, celle des relations
entre la France et l’Angleterre. Pruvost nous signale aussi, vers la fin de son
livre, l’influence relativement récente et notable des États-Unis sur la langue
française, particulièrement par l’usage en français du vocabulaire anglais de
la gestion, du numérique, de la musique et du cinéma.
Pruvost écrit que «…le
voyage des mots du français à l’anglais et de l’anglais au français au fil des
siècles est incessant…» (page 46). Il en est résulté, bien des fois, des
changements à leur écriture et à leur signification. Le mot « budget » en constitue une bonne
illustration. Le mot gaulois bulga (signifiant
sac) devient bougette (sac contenant
des pièces de monnaie) en ancien français. Une fois arrivé en Angleterre, on le
prononce boudgett, selon Druon*. Il y
prend là sa signification moderne; il y est associé aux finances publiques
notamment. Il revient en France avec ce sens à compter de la deuxième moitié du
dix-huitième siècle (pages 56 et 57).
L’anglais vient au premier
rang du palmarès des langues d’emprunt du français. Pruvost nous indique aussi
que peu de Français sont conscients de l’importance de l’italien dans
l’évolution de leur langue. Il est pourtant au deuxième rang des langues
d’emprunt (page 176). L’auteur consacre d’ailleurs une soixantaine de pages à l’influence
italienne (pages 195 à 257). Surprise, du moins pour moi, l’arabe qui n’a rien
d’une langue indo-européenne, vient au troisième rang. À titre d’exemple, les
mots « tasse », « café » et « alcool » sont d’origine arabe. Ainsi, lorsque vous utilisez les
mots « tasse de café », il y a en
quelque sorte de l’arabe dans votre langage. Les Vikings ont aussi laissé trace
de leur passage dans la langue française.
Si votre prénom est Clovis,
lisez la page 87, et vous verrez que vous auriez pu tout aussi bien vous
appeler Louis, tenant compte de l’évolution de la façon de l’écrire.
En conclusion, la storie de
la langue française abonde en exemples de mots qui reflètent les influences
d’une langue sur une autre. Il s’agit là de l’une de ses richesses. C’est
aussi, par le biais de la langue, une histoire de l’empreinte importante des
relations entre les peuples. Seul point agaçant : les nombreuses
références à la grand-mère de l’auteur au début du livre.
Offrez-vous ce livre de Jean Pruvost et le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey. Ainsi, vous serez désormais bien outillés en ouvrages de références pour faire vos devoirs et vos exercices de lexicologie, du moins en français.
*Druon, Maurice. « Les
Rois maudits ». Le livre de poche, tome 1, page 361.
Pruvost, Jean. « La story de la langue française – Ce que
le français doit à l’anglais et vice-versa ».
Éditions Tallandier, 2020.