Une contribution majeure
s’est ajoutée sur le plan de l’analyse des cycles économiques l’automne
dernier. «Collapse and Revival - Understanding
Global Recessions and Recoveries» examine les cycles de l’économie mondiale
sur un peu plus d’un demi-siècle, soit entre 1960 et 2014. Les auteurs, Kose et
Terrones, ne sont pas les premiers à analyser ce sujet, mais ils sont les
premiers à le faire de façon aussi exhaustive et précise.
«Collapse and Revival», c’est un ouvrage d’immersion dans l’étude
des cycles. C’est près de cent soixante-dix pages d’analyses, de tableaux et de
graphiques, vingt-six pages de notes sur des références ou sur des précisions
ou des nuances, vingt-sept pages de bibliographie et dix appendices. Il y a
donc abondance de renseignements et d’indicateurs, et de quoi satisfaire
amplement les amateurs de détails. En lisant toutes ces pages, on ne peut
qu’être impressionné par la profondeur des assises des propos des auteurs, ainsi
que par la richesse et la densité de la documentation de base.
Ce livre ne se limite pas à
déterminer les phases de récession et d’expansion des cycles de l’économie
mondiale. Les auteurs y examinent aussi :
- les événements économiques
qui les ont marquées,
- les politiques monétaires
et fiscales, parfois divergentes selon les économies, mises de l’avant pour en atténuer
les coûts et les conséquences,
- les préoccupations et les défis
propres à chaque cycle,
- les différences entre les
récessions selon, par exemple, qu’elles soient ou non accompagnées ou dues à
des crises financières, et les conséquences de ces crises sur le rythme de
l’expansion,
- les interrelations entre
les cycles mondiaux et les cycles nationaux (à titre d’exemple, l’économie
américaine est en récession lorsque l’économie mondiale l’est, mais l’économie
américaine est parfois en récession sans que l’économie mondiale le soit),
- les indicateurs et les
résultats selon les grands regroupements que sont les économies avancées, les
économies émergentes et les autres économies en développement,
- l’importance plus ou moins
grande de la synchronisation, de
l’incertitude et de bien d’autres variables sur l’ampleur et la durée
des récessions, et
- les leçons à tirer de leur
analyse.
La définition de récession
retenue, les indicateurs macroéconomiques utilisés et le jugement des auteurs
leur ont permis d’établir qu’il y a eu quatre récessions mondiales, soit en 1975,
1982, 1991 et 2009, et deux ralentissements, soit en 1998 et 2001, au cours de
la période examinée. Ils ont identifié les caractéristiques particulières de
chaque récession et de chaque expansion ainsi que des deux années de
ralentissement. Ils ont signalé ce que les quatre phases de récession ont en
commun, mais, peut-être encore plus intéressant, ce qui les distingue aussi.
Les auteurs s’appuient,
entre autres, sur les meilleures pratiques pour déterminer l’occurrence des
phases de récession et d’expansion des cycles économiques de pays ou groupes de
pays. Ils s’inspirent ainsi des méthodes d’analyse des cycles développées par
des organismes qui ont la responsabilité de déterminer les dates officielles
des phases d’expansion et de récession, comme le National Bureau of Economic Research pour les États-Unis et le Centre for Economic Policy Research pour
la zone euro.
Plusieurs analystes ont déjà
prédit la fin du cycle économique, particulièrement lorsque la phase
d’expansion est longue. D’autres ont avancé que la mondialisation, les
changements technologiques et l’évolution de la finance allaient rendre caduque
le cycle.* N’en croyez rien! Il en
est tout autrement comme en témoigne notamment la récession mondiale de 2009. Comme l’indiquent les auteurs, «The business cycle, national as well as global, is alive and well. »
(page
168).
Les phases d’expansion et de
récession font partie intégrante de la vie économique. Kose et Terrones
terminent d’ailleurs comme suit leur ouvrage :
«Our
main message is that collapse and revival are unavoidable features of the
global business cycle. If there is one recurring lesson, it is our
fundamental need to develop better policy tools to mitigate the costs
associated with collapses and accelerate revivals.»
«Collapse and Revival» est, et le sera probablement longtemps, la
référence sur les cycles de l’économie mondiale. J’en recommande la lecture,
particulièrement aux gens qui croient encore que deux trimestres consécutifs de
contraction du PIB réel suffisent pour
déterminer l’occurrence d’une récession.
*Lire à ce sujet le passage provenant de la revue The Economist et reproduit à la note 9 à la page 194 de «Collapse and Revival».
*Lire à ce sujet le passage provenant de la revue The Economist et reproduit à la note 9 à la page 194 de «Collapse and Revival».
Référence : Kose, M.
Ayhan et Marco E. Terrones. «Collapse and Revival: Understanding Global
Recessions and Recoveries». Fonds monétaire international, 2015.
http://www.imfbookstore.org/ProdDetails.asp?ID=GRGREH&mlc=CR201410
http://www.imfbookstore.org/ProdDetails.asp?ID=GRGREH&mlc=CR201410