Le Plan de développement du commerce extérieur 2013-2017 (PDCE), présenté le 28 octobre dernier, par le ministre Jean-François Lisée, est un bon exercice de mise au goût du jour de l’offre de services du gouvernement du Québec aux entreprises exportatrices de biens et de services sur le marché des autres provinces et le marché international. Ce plan semble cependant mal nommé puisque la dimension importation du commerce extérieur y est absente, mais on ne peut blâmer le gouvernement d’ignorer cela dans son plan. Le thème «Investir dans l’exportation, c’est investir dans le Québec» est davantage évocateur du contenu et des intentions que le nom du plan. Outre l’appui aux exportateurs, il y est question de mesures en vue de promouvoir les atouts du Québec à l’étranger.
Ce plan
annonce une adaptation aux nouvelles réalités des services à l’exportation
développés tout au cours des dernières décennies. Cependant, il n’est pas assez
ambitieux, probablement, entre autres, en raison de contraintes de budget. Il
est particulièrement timide sur le développement de la présence internationale
des entreprises. Vendre est important, mais l’implantation à l’étranger ne doit
pas être négligée que ce soit, par exemple, pour offrir un service
d’installation ou d’entretien en complément du produit vendu ou encore pour
produire, au besoin, ailleurs qu’au Québec, même si, sur le plan politique, il
s’agit d’un sujet plutôt tabou.
Le PDCE offre
un bel équilibre entre la nécessité d’appuyer de nouveaux exportateurs ainsi
que ceux en consolidation et en diversification de marchés. Le gouvernement
résiste ainsi au fantasme de mettre toutes ses énergies dans la diversification
tout azimut, sujet qui continue d’avoir bonne presse.
Sur le plan
des marchés prioritaires, le gouvernement cède au chant de sirènes; elles lui
semblent toutes attrayantes, et l’éparpillement des efforts et des ressources
pourrait bien en résulter. Le buffet des territoires prioritaires présenté à la
section 1.1 du plan en offre vraisemblablement trop aux convives par rapport à
leur appétit réel et, encore plus, par rapport aux ressources humaines et aux
moyens financiers mis à la disposition des intervenants en développement de marchés.
À trop vouloir étirer la capacité des ressources à livrer des services sur un
trop grand nombre de territoires, on risque fort de n’offrir qu’un appui ponctuel aux exportateurs plutôt qu’un
soutien stratégique et continu. Un bon ciblage et une bonne sélection
s’imposent dans toute stratégie de diversification des marchés, tout comme, par
analogie, dans l’investissement de portefeuille.
Les
objectifs, les orientations, les cibles et les actions retenus et présentés
dans les sections 4 et 5 du document sont les éléments forts du PDCE. On sent
bien qu’ils ont fait l’objet d’un examen attentif de la part des auteurs du
plan et des divers intervenants en développement des exportations et en
promotion du Québec à l’étranger. La concertation et la synergie ont ainsi
porté fruit, d’où l’importance de continuer dans cette voie comme le prévoit d’ailleurs
le Plan.
Ce qui surprend, c’est de retrouver dans le Mot de la Première Ministre : «Son objectif est simple : réduire notre déficit commercial par l’augmentation de nos exportations.». Le Plan peut y contribuer, bien que marginalement. On voit mal comment «…des ventes fermes totalisant plus de 940 millions de dollars.» (page 19 du plan), étalées sur trois ou quatre ans au minimum, peuvent influer de façon importante sur un déficit du commerce des biens et services qui se chiffrait à 24,4 milliards de dollars en 2012. Une stratégie de remplacement du pétrole importé aurait nettement plus de portée sur la réduction du déficit que le PDCE.
Ce qui surprend, c’est de retrouver dans le Mot de la Première Ministre : «Son objectif est simple : réduire notre déficit commercial par l’augmentation de nos exportations.». Le Plan peut y contribuer, bien que marginalement. On voit mal comment «…des ventes fermes totalisant plus de 940 millions de dollars.» (page 19 du plan), étalées sur trois ou quatre ans au minimum, peuvent influer de façon importante sur un déficit du commerce des biens et services qui se chiffrait à 24,4 milliards de dollars en 2012. Une stratégie de remplacement du pétrole importé aurait nettement plus de portée sur la réduction du déficit que le PDCE.
On voit bien
dans le Plan comment le gouvernement va allouer les 81,7 millions de dollars
sur trois ans. C’est clair et précis, particulièrement dans l’annexe 1 portant
sur le cadre financier. Ce qui étonne, c’est de ne pas retrouver de précisions
sur le «… plus d’un milliard de dollars en soutien financier qui est mis à la
disposition de nos entreprises d’ici 2017, pour la réalisation de projets à
l’exportation.» (page 19). C’est sur ce milliard, qui n’est pas rien, que le
PDCE aurait dû porter, ainsi que sur toutes les ressources impliquées dans
l’accompagnement-conseil. Dans ces circonstances, le Plan semble davantage une
justification de budget additionnel qu’un plan d’ensemble pour stimuler les
ventes de nos entreprises à l’extérieur du Québec. Ce plan a tout de même le mérite de procurer du
budget pour défrayer les activités et les initiatives des gens qui oeuvrent au
développement des exportations et à la promotion à l’étranger des atouts du
Québec.
Enfin, le
soutien financier de plus d’un milliard de dollars devrait susciter des
investissements de plus de 3,5 milliards de dollars sur quatre ans entraînant
la création de plus de 10 000 emplois (page 19). Le Plan, et son budget de
81,7 millions, devrait à lui seul générer 6 000 emplois sur 4 ans. Cela
suscite des interrogations et mérite des explications, car on peut douter que
moins de 10 % de l’enveloppe financière dédiée à l’exportation génère 60 % des
emplois prévus. Toutefois, si cette estimation est correcte, l’efficacité
attendue de l’accompagnement-conseil et de l’appui financier prévus au Plan ne
devrait-elle pas inciter le gouvernement à réorienter au complet le soutien
financier de plus d’un milliard?
Note :
Le Plan de développement du commerce extérieur et son sommaire sont disponibles
à : http://www.mrifce.gouv.qc.ca/fr/salle-de-presse/actualites/13252